Alors que les premières auditions des dirigeants du CCAT (organe opérationnel du parti indépendantiste Union Calédonienne-FLNKS) devant les juges d’instruction doivent avoir lieu en septembre, le procureur général de Nouméa a annoncé jeudi 12 septembre avoir rejeté la demande de délocalisation de la procédure. Depuis le début de l’enquête, les avocats et magistrats du banc de Nouméa réclament la délocalisation de la procédure pénale visant les militants indépendantistes, accusés d’être les instigateurs des émeutes qui ont touché la Nouvelle-Calédonie.
« Tous les arguments qui ont été avancés ne sont pas, à mon avis, des arguments pertinents. »a expliqué Bruno Dalles lors d’une interview accordée jeudi à la radio locale RRB. Le magistrat a notamment nié les accusations de partialité formulées par ces avocats, rappelant que « Tout le débat porte sur la question de savoir si le CCAT est, en tout ou en partie, une organisation criminelle. ».
Le 2 septembre, les avocats de huit des treize personnes mises en examen, incarcérées en métropole, ont demandé un tel dépaysement, dénonçant la « partialité du ministère public au mépris de la présomption d’innocence »exprimé dans ses déclarations publiques par le procureur de la République de Nouméa, Yves Dupas.
Les juges de Nouméa souhaitent eux aussi ce changement d’horizon. Après une assemblée générale qui a tranché en ce sens en juillet, la CFDT-Magistrats a saisi, jeudi 5 septembre, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Pour cela, « une affaire qui a généré plus d’un milliard d’euros de dommages directs relève de la compétence d’un tribunal spécialisé », si nous voulons respecter l’égalité devant la loi, car le tribunal de Nouméa apparaît « complètement sous-équipé » et ne dispose pas de ressources d’enquête suffisantes.
Ils ont la possibilité de saisir le procureur général près la Cour de cassation. Plusieurs d’entre eux ont indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) qu’ils se concerteraient vendredi avant de faire une quelconque déclaration. Le risque est grand de voir ce dossier hautement politique s’enliser.