Le projet de fiche de paie simplifiée de Bruno Le Maire rencontre ses premiers écueils au Sénat

De toutes les évolutions incluses dans le projet de simplification, c’est probablement la disposition qui suscite le plus de commentaires. L’idée d’une simplification drastique du bulletin de paie a également suscité beaucoup de réactions ce 14 mai au sein de la commission spéciale du Sénat, qui travaille à plein régime depuis la présentation du projet de loi en Conseil des ministres il y a trois ans. semaines. A gauche comme à droite, la pertinence de la mesure interroge.

“Une telle simplification est un gage de transparence, de lisibilité et de démocratie”, a expliqué Bruno Le Maire, interrogé sur le projet de loi ce mardi. Le ministre de l’Economie et des Finances a une nouvelle fois défendu l’instauration d’une nouvelle fiche de paie contenant une quinzaine de lignes, “dans un format plus restreint et plus compréhensible”, plutôt que la version actuelle qui peut totaliser jusqu’à 55 lignes requises. “La situation actuelle est coûteuse pour l’entreprise, et illisible pour le salarié”, a fait valoir l’exécutif dans un document de présentation du projet de loi.

Fini le détail des cotisations sociales pour tous les risques couverts par la Sécurité sociale, le bulletin de paie devrait à terme regrouper, dans le projet du gouvernement, quelques agrégats majeurs : le total versé par l’employeur, la rémunération brute et nette du salarié, ainsi que les apports et apports respectifs des deux parties. “Notre objectif est que l’entreprise n’ait pas à remplir la fiche complète qui sera mise à disposition dans une banque de données sociales d’ici 2027”, accessible aux salariés d’ici 2027. Le salarié, lui, “verra qu’on a un profil social très particulier”. modèle », a poursuivi le ministre.

« Peut-on vraiment parler de simplification du bulletin de paie ? »

L’un des deux rapporteurs du projet de loi, le centriste Yves Bleunven, a fait de ce sujet l’un de ses principaux points d’interrogation lors des échanges avec les ministres. “Peut-on vraiment parler de simplification du bulletin de paie quand en même temps on demande aux employeurs, chaque mois, de collecter, conserver et mettre à disposition toutes les informations qui font l’objet de cette simplification”, a haussé les sourcils le sénateur du Morbihan. .

La gauche est également montée au créneau. Le sénateur communiste Fabien Gay partageait les craintes du rapporteur sur un risque de surcoûts, voire de « complexification » pour les entreprises. “Le service de paie devra réaliser un nouveau formulaire, mais en même temps être prêt à en réaliser un deuxième.” Au-delà de cette difficulté pratique, le parlementaire de Seine-Saint-Denis y voit une « offensive politique » de la part du ministre de l’Économie, pour « rapprocher » le salaire brut du salaire net. « Vous permettrez aux salariés de bien comprendre le montant du salaire socialisé et l’importance de chacune des cinq branches de la Sécurité sociale. En mettant simplement un montant global, vous créez une allergie aux cotisations, car les salariés disent oh mon Dieu, c’est un gros tas », a ajouté la sénatrice écologiste Raymonde Poncet-Monge.

« Il y aura des coûts supplémentaires de maintenance informatique »

Pour éviter de donner l’impression que les récriminations ne venaient que d'”un côté de l’hémicycle”, la sénatrice LR Pascale Gruny est également venue apporter son soutien. « L’entreprise aura toujours besoin d’informations, entre la caisse Urssaf, les Assédics, les retraites, donc vous ne simplifiez absolument rien. En revanche, bien sûr, il y aura un surcoût de maintenance informatique», faisait valoir avant sa nomination au Sénat cette ancienne directrice administrative et financière, qui confiait avoir produit des fiches de paie jusqu’en «décembre 2021».

Le sénateur de l’Aisne s’est également montré surpris de la volonté de l’exécutif de revoir une nouvelle fois la fiche de paie. Cette dernière a déjà fait l’objet d’une refonte en 2018, avec une nouvelle formule déjà simplifiée, plus claire, avec le regroupement des lignes. « Est-ce que le bulletin va être appelé super très simplifié ? Je ne sais pas», a ironisé le sénateur, sceptique de manière plus générale quant à la réelle efficacité des lois de simplification.

En réponse, Bruno Le Maire a admis qu’il y aurait effectivement une phase de transition, d’ici la mise en place du « Portail national des droits sociaux » d’ici 2027, un service sur lequel un salarié aura accès au détail de ses cotisations. . « Transférer la charge de la délivrance de ces données sur l’ensemble des données de paie, de l’entreprise vers ce portail, prendra en effet un peu de temps. Mais l’objectif est que ce soit le portail qui donne des informations aux salariés s’ils le souhaitent. Et le chef d’entreprise a une tâche plus légère avec une fiche de paie simplifiée”, a ajouté le ministre.

“On pourrait presque imaginer qu’on ne fait pas confiance aux parlementaires” : des ordonnances qui tendent déjà le débat

Au-delà de cet exemple qui semble constituer une certaine divergence entre l’exécutif et plusieurs membres de la commission spéciale, d’autres points constituent de véritables « irritants ». A commencer par trois autorisations de légiférer par ordonnance, incluses dans le texte. Il s’agit de réformer le droit des contrats spéciaux, ou de sécuriser les positions prises par une administration sur l’application d’une norme. Certains délais d’autorisation s’étendent même sur deux ans, de quoi contrarier le Sénat, de plus en plus contrarié par la multiplication des ordonnances. « Qui pourrait imaginer que la simplification des procédures administratives n’intéresse pas la représentation nationale ? En réalité, on pourrait presque imaginer qu’on ne fait pas confiance aux parlementaires pour traiter ces sujets”, s’est exclamée la rapporteure LR Catherine Di Folco.

“Je souhaite avoir des textes juridiques clairs et simples”, a répondu le ministre. Ce procédé lui permet, selon lui, d’être « plus efficace ». Elle n’exclut cependant pas la possibilité de faire apparaître certains sujets « en dur » dans la loi, plutôt que par arrêté, comme sur la question des rescrits, ces positions prises par une administration sur l’interprétation d’une norme. “Je suis tout à fait prêt à ce que nous entamions le processus législatif sur la base des propositions faites par les parlementaires”, a déclaré le ministre.

Une autre mesure, placée à l’article 1euh, qui risque de créer des troubles au Parlement : la suppression de certaines instances où siègent les parlementaires. La Commission supérieure du numérique et des postes fait partie des institutions dupliquées et appelées à disparaître, selon le gouvernement. “Vous demandez aux parlementaires de soutenir un affaiblissement de leur contrôle, c’est insensé”, s’insurge le co-rapporteur Yves Bleunven. « En multipliant les instances, les commissions, les conseils, on affaiblit le pouvoir de contrôle des parlementaires », objecte Bruno Le Maire. Avant de conclure que le sort de la commission reviendra au droit « souverain » des députés et sénateurs.

Anna

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