C’est l’histoire d’un dĂ©raillement Ă©conomique, celui d’une liaison ferroviaire entre Lyon et Bordeaux qui se voulait coopĂ©rative et qui ne verra pas le jour, faute d’argent.
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C’est le projet de la sociĂ©tĂ© Railcoop. IdĂ©e simple : remplacer la liaison entre Lyon et Bordeaux, fermĂ©e en 2012 par la SNCF et l’État car non rentable. Une liaison transversale entre deux villes situĂ©es de part et d’autre de la France, pour un trajet de 6h30, passant par Roanne, Montluçon, GuĂ©ret, Limoge et PĂ©rigueux. Quelque 15 000 personnes, tous membres de la coopĂ©rative, soutenues par les autoritĂ©s locales, se sont mobilisĂ©es pour financer le projet sur leurs fonds personnels. Les huit millions et demi d’euros rĂ©coltĂ©s n’ont pas suffi Ă faire circuler le premier train. L’avenir de la coopĂ©rative est dĂ©sormais entre les mains des juges du tribunal de commerce de Cahors qui doivent se prononcer lundi 15 avril. La liquidation semble inĂ©luctable.
Pas viable sans subventions
Les problèmes viennent essentiellement du modèle Ă©conomique : un service ferroviaire librement organisĂ©, sans fonds publics ni subventions. Un projet possible sur le plan pratique car c’est celui utilisĂ© par des groupes privĂ©s concurrents de la SNCF, de l’espagnol Renfe ou de l’italien Transitalia, mais dont le soutien financier est bien plus solide. Pour une coopĂ©rative, il est impossible de survivre uniquement de la vente alĂ©atoire de billets Ă une clientèle incertaine et irrĂ©gulière, sans recevoir des subventions de l’État – donc de l’argent public servant d’amortisseur – pour compenser les pertes, comme c’est le cas pour la coopĂ©rative. SNCF.
Par conviction, Railcoop parvient Ă convaincre la SNCF de rouvrir la ligne. Mais il fallait honorer les pĂ©ages, financer l’achat du matĂ©riel d’occasion et l’entretenir. Une première tentative a eu lieu, sur le mĂŞme modèle Ă©conomique, mais avec une ligne de fret ferroviaire entre Toulouse (Haute-Garonne) et Figeac (Lot). Bilan : plus de quatre millions d’euros de pertes.
Pourquoi le projet de transport de voyageurs entre Lyon et Bordeaux Ă©choue-t-il Ă©galement ? Par nature, le modèle coopĂ©ratif exclut les financiers traditionnels et le soutien capitalistique nĂ©cessaire Ă ce type d’aventure. La contribution et le soutien des membres de la coopĂ©rative n’ont pas suffi Ă convaincre les banques d’accorder des prĂŞts Ă un projet dont la rentabilitĂ© Ă©tait trop incertaine. Un projet victime d’une approche trop militante, qui aurait pu fonctionner, mais en s’ouvrant aux soutiens financiers traditionnels.