Il est des couronnements qui procurent des émotions insoupçonnées, à la mesure des déceptions et de l’attente qui les ont précédés ; les supporters du Bayer Leverkusen, récent champion d’Allemagne, peuvent en témoigner. Il en est d’autres sur lesquels on prend à peine le temps de s’attarder, le regard déjà tourné vers le suivant. Les joueurs du Real Madrid sont destinés à cette catégorie.
Le prestigieux club de football espagnol a conquis un 36e titre de champion national samedi 4 mai. Les Merengues étaient devant la télévision lors de l’officialisation dans la soirée. En effet, il fallait que le Real Madrid s’impose à domicile face à Cadix dans l’après-midi et que son rival, le FC Barcelone, ne s’impose pas, un peu plus tard, sur le terrain de Gérone.
Ce scénario s’est réalisé. Dans l’après-midi, le Real Madrid a battu Cadix 3-0, grâce aux buts de Brahim Diaz (52ee), Jude Bellingham (68e) et Joselu (90e+4). En début de soirée, le Barça s’est lourdement incliné face aux Gironnais (2-4).
Il restera encore quatre journées de championnat après ce week-end, mais les Madrilènes comptent désormais treize points d’avance sur leur premier concurrent, ce qui leur assure mathématiquement la première place en finale. A noter que Gérone est le nouveau vice-champion du Real, puisque l’équipe surprise de la saison profite de sa victoire pour dépasser son voisin catalan.
Bellingham, une maturité déconcertante
Ce titre de champion d’Espagne est sûrement le dernier du palmarès du vétéran croate Luka Modric. En fin de contrat, et à bientôt 39 ans, le vétéran croate pourrait quitter le club cet été. « Comme le talent ne peut être dupliqué, l’héritage que Modric laissera est un trésor fait de professionnalisme, de discrétion, de responsabilité, de dévouement… »flatte Jorge Valdano, figure du club et écrivain.
En vérité, le suspense pour la course au titre était déjà terminé depuis le clasico du 32e journée (sur 38) : Le Real Madrid a dominé le Barça (3-2), au stade Santiago Bernabeu, grâce à un but de Jude Bellingham dans le temps additionnel.
Pour sa première saison à la Maison Blanche, le milieu anglais affiche une maturité déconcertante à 20 ans. “Jamais un joueur étranger n’avait eu un tel impact à Madrid, si tôt et si jeune”le journal a récemment écrit El País.
Débarqué l’été dernier en provenance du Borussia Dortmund, Bellingham occupe la pointe supérieure du losange aligné au milieu de terrain par l’entraîneur Carlo Ancelotti. A son poste, il affiche un ratio buts marqués/matchs joués impressionnant (18 à 26), le meilleur du championnat.
Un nouveau rôle pour Tchouaméni
Au sein de l’équipe madrilène, les internationaux français Eduardo Camavinga et Aurélien Tchouaméni ont confirmé leur statut de joueurs importants, le second offrant des garanties de sécurité dans un nouveau rôle en défense centrale. “On a l’impression qu’il y a joué toute sa vie”son entraîneur italien l’a complimenté en février.
Malgré la longue indisponibilité de ses piliers, le défenseur Eder Militao et le gardien Thibaut Courtois (le Belge a fait son retour comme titulaire contre Cadix), ou encore le départ de Karim Benzema à l’intersaison, le Real Madrid a trouvé les clés pour faire… le Real Madrid. A défaut de séduire chaque week-end, la formation n’a pas d’équivalent en Europe pour démontrer sa force collective face à l’adversité.
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En Ligue des Champions, le club espagnol peut souffrir du jeu adverse, ce qui ne l’a pas empêché d’éliminer le vainqueur sortant, Manchester City, en quarts de finale, et d’obtenir un bon match nul (2-2) en déplacement à Munich en demi-finale aller, mardi 30 avril.
En Liga, le Real Madrid, le Barça et l’Atlético de Madrid, les clubs les plus puissants financièrement, ont l’habitude de se disputer les palmarès. Cette saison, les Merengues sont les plus réguliers, n’ayant concédé qu’une seule défaite jusqu’à présent, chez leur rival madrilène en septembre.
Vinicius visé par des actes racistes
De plus, quatre jours avant la fin de la saison, la présence de Gérone sur le podium de la Liga bouscule quelque peu la hiérarchie du football espagnol, sachant que le même trio monopolise toutes les places du podium depuis la saison 2012-2013.
Ce qui ne change pas, c’est le problème endémique auquel le pays est confronté avec le racisme dans les stades, malgré les campagnes de communication de la fédération. Les joueurs du championnat sont devenus “presque habitué” au comportement raciste de certains supporters, a récemment regretté Jude Bellingham.
Son coéquipier brésilien, l’attaquant vedette Vinicius, est fréquemment visé par des insultes et/ou des chants de ce type parce qu’il est noir. “Depuis la première fois que je me suis plaint du racisme en Espagne, la situation n’a cessé d’empirer… Ils m’insultent à cause de la couleur de ma peau pour que je joue moins bien sur le terrain”, déplorait-il fin mars. Entre-temps, d’autres joueurs ont été la cible d’actes racistes, dont Aurélien Tchouaméni lors d’un match de championnat à Majorque.
Pour les nouveaux champions d’Espagne, les célébrations du titre national devront attendre un peu. Ils ont rendez-vous mercredi, au stade Bernabeu, avec le Bayern Munich pour disputer une demi-finale retour de Ligue des champions. Le Paris Saint-Germain est à la recherche de sa première « coupe aux grandes oreilles », le Real Madrid, sa quinzième…