Ce samedi soir, à Poitiers (Vienne), les supporters du Stade Poitevin Volleyball (SPVB) n’auront certainement d’yeux que pour lui. Pour la première fois depuis treize ans – et son départ de Tours – Earvin Ngapeth retrouvera le championnat de France, avec un match contre Narbonne (à 19 heures) pour cette première journée de la saison 2024-2025.
Il y a un peu plus d’une semaine, l’annonce de ce retour sur le sol français avait créé la surprise et fait grand bruit. La présentation officielle par le SPVB de son effectif à ses partenaires économiques touchait à sa fin, jeudi 19 septembre, lorsqu’il s’est présenté, maillot floqué du numéro 86 sur les épaules. « Vous ne rêvez pas… Earvin Ngapeth ira bien le 15e homme cette saison »avait publié, au même moment, le club sur son site internet.
De quoi bousculer le petit monde du volley, tant le receveur-attaquant de 33 ans est une figure forte et emblématique de ce sport. Avec l’équipe de France, cet été à Paris, il a remporté un deuxième titre olympique consécutif, tout en étant désigné meilleur joueur des Jeux.
« Les avis sont unanimes. Je reçois des messages de personnalités du championnat pour me dire que nous avons réalisé une belle réussiteconfie Cédric Enard, le responsable sportif du SPVB. Signer Ngapeth équivaut à recruter (Kylian) Mbappé dans le football, ou (Vainqueur) Wembanyama au basket. C’est une star mondiale, un joueur de haut niveau, et aussi un élément du territoire. C’est très important pour nous. »
« Un raz-de-marée »
Il n’a pas fallu longtemps pour que « l’effet Ngapeth » se fasse sentir. Le match de samedi se jouera à guichets fermés (2 468 places). Et il y a une semaine, une simple rencontre amicale, qui attire habituellement peu de spectateurs, en a rassemblé 2 300. Un record.
« C’est un raz-de-marée, tout le monde cherche une place pour le match. Nous avons également vendu 70 maillots en deux jours, contre 68 en deux ans avant l’arrivée d’Earvin. »s’est exclamé Mickaël Pichon, community manager et photographe bénévole au Stade Poitevin, à la veille du match de championnat.
Dans les jours qui ont suivi l’annonce, le club a été submergé de demandes de rencontres et a dû programmer une deuxième rencontre avec les médias jeudi. ” C’est extraordinaire d’accueillir un joueur d’un tel calibre et on le voit. s’exclame Cédric Enard en riant.
« Ce n’est pas un joueur comme les autres. Nous sommes très heureux qu’il soit làse réjouit Charlotte Malbernard, supporter principale du Stade Poitevin. Nous savions qu’il allait revenir, mais pas si vite. Cela nous permettra de mettre en lumière le volley français et de faire revenir les gens dans les salles de sport. »
Possibilité de départ en janvier
Parti jouer en Italie et en Russie depuis 2011, Earvin Ngapeth a terminé la saison dernière par un doublé coupe-championnat avec le club turc de Halkbank Ankara. En juillet, il était sur le point de rejoindre Nantes-Rezé, avant que le club ne dépose le bilan. Après les Jeux Olympiques, il a mûri son choix après des vacances en Guadeloupe avant de s’en rendre compte « choix du cœur »comme il l’appelle.
L’appel des écuries exotiques plus à même de lui offrir « la meilleure offre de tous les temps » qu’il a dit attendre le 25 août, dans un message secret publié sur Instagram, attendra finalement. “Après les Jeux, j’étais sans club et j’avais besoin d’une saison tranquille» a déclaré l’international français (249 sélections). C’est peut-être le meilleur moment pour que cela se produise.
Cette décision le rapproche de sa famille, très implantée dans la Vienne. Sa mère travaille toujours dans une entreprise sponsor du Stade Poitevin. Il a lui-même gravi les échelons de l’ancien CEP de Poitiers durant l’adolescence (entre 2002 et 2007), comme son frère Swan. Et il a aussi vécu le premier titre de champion de France de Poitiers en marge, avec son père Eric comme entraîneur.
«Earvin et moi nous connaissons depuis longtemps. J’ai été formé par son père. Quand j’étais entraîneur adjoint de l’équipe de France (entre 2017 et 2019), on parlait souvent de possibles retrouvailles autour du club, un jour, dit Cédric Enard. C’est devenu plus sérieux ces derniers mois, avec mon arrivée à Poitiers en décembre 2023 et l’envie d’Earvin de se rapprocher de ses racines. »
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Earvin Ngapeth évoluera avec Poitiers (11e du championnat la saison dernière) au moins jusqu’à fin décembre, soit pour au moins quatorze matches. S’il a signé un contrat courant jusqu’en juin 2025, il a en effet été convenu qu’en cas d’offre lucrative d’une équipe étrangère – dont les saisons reprennent en janvier 2025 – les deux camps se sépareraient en bons amis. Mais, pour l’heure, Poitiers et le championnat de France veulent capitaliser sur l’image du champion olympique.