le retour des « gauches irréconciliables »

A moins de deux mois des élections européennes du 9 juin, les désaccords sont nombreux entre les différentes listes incarnant la gauche. Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique, semble être le punching-ball préféré de ses concurrents.

A gauche, la bataille des européennes fait rage mardi 16 avril. Raphaël Glucksmann, la tête de liste choisie par le PS, représente une cible privilégiée. Il est devenu le punching-ball préféré de ses concurrents puisqu’il arrive en tête de la gauche dans les sondages d’intention de vote. Les Insoumis le présentent comme un complice de Benyamin Netanyahu parce qu’il refuse de qualifier la situation des Palestiniens à Gaza de « génocide ». La secrétaire nationale des Verts, Marine Tondelier l’accuse d’être un faux écologiste car il est soutenu par la présidente de la région Occitanie Carole Delga en faveur de l’autoroute Toulouse-Castres. En retour, Raphaël Glucksmann fustige le refus de LFI de considérer le Hamas comme une « organisation terroriste » et dénonce le poutinisme de Jean-Luc Mélenchon. Lequel accuse les écologistes d’avoir renoncé à leurs idéaux pacifistes parce qu’ils approuvent les livraisons d’armes à l’Ukraine. Bref, à gauche, chacun est devenu le traître de l’autre. C’est le retour de « deux gauches irréconciliables ».

Il n’y a pas si longtemps, ils étaient pourtant unis au sein du Nupes, mais cette alliance n’était qu’un cartel électoral de circonstances, pour limiter les dégâts sur les législatives. Les désaccords fondamentaux, sur l’Europe, la laïcité ou les questions souveraines, avaient été balayés sous le tapis. Avec son score à l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon avait imposé son hégémonie. Cet accord fragile a volé en éclats au lendemain des massacres commis par le Hamas le 7 octobre. Depuis, l’écart à gauche n’a fait que se creuser.

La future élection présidentielle en toile de fond

C’est une fois de plus la question du leadership qui se pose. Alors qu’il perd de son influence, Jean-Luc Mélenchon hausse le ton. Il a repris les commandes de la campagne européenne de LFI et veut en faire le premier tour de l’élection présidentielle de 2027. Un sacré risque car Raphaël Glucksmann répète à juste titre que s’il est à la tête de la gauche le 9 juin, la future union ne se fera pas sur la ligne radicale des Insoumis.

Chacun des deux camps brandit son épouvantail : côté socialiste, les dérives de Jean-Luc Mélenchon, qui condamneraient la gauche à la défaite ; Du côté des Insoumis, le spectre du retour de François Hollande, qui condamnerait la gauche à la trahison. On imagine mal ces deux gauches gouverner ensemble demain. De toute façon, rien ne presse. Dans les sondages, l’addition de toutes ces gauches divisées atteint péniblement 30 % des voix, son plus bas niveau jamais vu.