Le Royaume-Uni, terreau fertile pour les véhicules électriques chinois

L’emplacement du nouveau showroom londonien de BYD est stratégique. Situé au cœur de Mayfair, l’un des quartiers les plus exclusifs de la capitale britannique, le magasin du constructeur chinois jouxte une concession Rolls-Royce et une marque Land Rover. A l’intérieur, quatre modèles sont exposés dans un espace aux murs recouverts d’écrans diffusant des images du monde sous-marin. On y trouve notamment un Dolphin bleu électrique, un modèle doté d’une autonomie de 426 kilomètres et qui a commencé à faire son apparition sur les routes outre-Manche.

Le Royaume-Uni est devenu un terrain fertile pour les marques chinoises de véhicules électriques. Great Wall Motors, qui avait fait une incursion ratée en 2012 avec un pick-up électrique, a été le premier à s’y implanter, en lançant son modèle Ora sur le marché britannique en 2022. Il a été suivi par SAIC, qui a mis en vente un crossover la même année, et BYD en 2023. Cet été, le groupe Chery a également fait son entrée dans le pays. Xpeng et Nio, quant à eux, prévoient de s’implanter en 2025.

Peter Wells, directeur du Centre de recherche sur l’industrie automobile de l’Université de Cardiff, note “une véritable effervescence” Autour de ces véhicules. BYD, qui est au coude à coude avec l’américain Tesla pour dominer les ventes de voitures électriques à l’échelle mondiale, multiplie les ouvertures de showrooms et les accords avec les concessionnaires. Les marques chinoises représentent désormais 10% des nouvelles immatriculations de “wattages” au Royaume-Uni, contre 3% à 4% il y a cinq ans, selon le ministère des Transports.

« Objectifs contraignants »

Le marché britannique se distingue par son ouverture aux groupes automobiles chinois. Soucieux de protéger leur industrie nationale face à la concurrence chinoise, les États-Unis ont instauré en mai une taxe de 102,5 % à l’importation de voitures électriques en provenance de ce pays. L’Union européenne a suivi le mouvement en juillet, en adoptant une taxe allant de 27,4 % à 47,6 %. N’étant plus obligé, depuis le Brexit, de se conformer aux décisions européennes, le secrétaire d’État britannique aux Affaires et au Commerce, Jonathan Reynolds, a au contraire promis cet été qu’il ne lancerait pas d’enquête sur les pratiques des producteurs chinois de véhicules électriques.

Londres craint en effet de susciter l’ire de Pékin, mettant en péril son accès au marché chinois, crucial pour sa propre industrie automobile, notamment les groupes Rolls-Royce, Jaguar et Bentley, qui réalisent une part croissante de leurs ventes en Chine. « Le gouvernement britannique a également fixé des objectifs contraignants pour les ventes de véhicules électriques.souligne Peter Wells. Pour y parvenir, il faut maximiser le nombre de voitures « vertes » mises à disposition des consommateurs, en particulier celles qui sont abordables.

Il vous reste 35.29% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.