le Sénat vote pour plus de surveillance, malgré les inquiétudes de la gauche sur l’utilisation des algorithmes

Cyberattaque sans précédent en Nouvelle-Calédonie, tags antisémites, risques sur les Jeux olympiques… Face à l’ampleur des menaces, la France renforce son arsenal juridique pour lutter contre les ingérences étrangères dans un projet de loi adopté ce 22 mai au Sénat, après un vote à l’Assemblée nationale en mars.

« L’ingérence étrangère se développe souvent sur des terrains déjà fragiles. De Mayotte à la Nouvelle-Calédonie, les territoires d’outre-mer ont récemment été la cible d’opérations d’ingérence étrangère, comme celle de l’Azerbaïdjan avec le groupe Bakou”, a déclaré la sénatrice des Républicains Agnès Canayer, rapporteure du texte, pour souligner l’urgence d’adopter un tel texte. .

Face à la Russie et à la Chine, une « incroyable disproportion des forces »

Le premier article du texte propose la création d’un annuaire où les représentants des intérêts étrangers en France, outre les ressortissants des pays de l’Union européenne, devront se déclarer. Une mesure phare du texte, qualifiée par le ministre délégué à l’Europe Jean-Noël Barrot de « bouclier de transparence ».

Au Sénat, la commission des lois a modifié le texte pour préciser le champ des personnes soumises à cette obligation de déclaration. Un champ large, qui inclut notamment les avocats et les journalistes, qu’un amendement du groupe communiste voulait exclure. “Nous avons interrogé de nombreux services de renseignement, qui nous ont confirmé avoir rencontré plusieurs cas d’ingérences qui avaient utilisé la voie du conseil juridique ou du journalisme”, expliquait Agnès Canayer, avant le rejet de cet amendement.

Ce registre doit être géré par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), avec des moyens constants. Un véritable défi compte tenu de l’ampleur de la menace, ont prévenu plusieurs sénateurs. « Les chiffres sont absolument terrifiants. Les agents des organes de désinformation se comptent par centaines de milliers en Russie, et en Chine par millions. Le registre prévu par la loi que nous allons voter sera confié à la HATVP, qui compte 71 agents”, a prévenu le président des Indépendants Claude Malhuret, dénonçant une “incroyable disproportion des forces”.

« Nous sacrifions notre État de droit sur l’autel de la lutte contre les ingérences étrangères »

Outre la surveillance des relais d’influence étrangère, la proposition de loi renforce également considérablement les moyens d’investigation dont disposent les services de renseignement, pour détecter les opérations d’ingérence. Pendant quatre ans, les enquêteurs pourront expérimenter l’utilisation d’algorithmes pour automatiser la détection d’activités et de connexions suspectes en ligne.

L’article focalisait les critiques de la gauche de l’hémicycle, le groupe communiste le posant même comme une ligne rouge lors du vote final du texte. “Nous sacrifions notre Etat de droit sur l’autel de la lutte contre les ingérences étrangères”, s’est insurgé le sénateur communiste Pascal Savoldelli.

Le recours à cette technique, jusqu’ici réservée à la lutte contre le terrorisme, a également alarmé l’élu écologiste Thomas Dossus : « Chaque fois qu’on étend la société de surveillance avec de nouveaux outils, on nous dit que ce ne sera que pour le terrorisme, pour des cas extrêmement graves. . Et puis, de projet de loi en loi, on étend un peu plus cette société de surveillance. »

Des algorithmes jugés utiles pour lutter contre les cyberattaques

Pas fermement opposés à cette disposition, les sénateurs socialistes ont néanmoins voulu s’assurer qu’elle serait bien limitée aux ingérences, dénonçant la formulation trop large utilisée dans l’article. « Grâce à ce texte, nous pourrions recourir à cette technique au nom d’intérêts majeurs de politique étrangère ou au nom de l’indépendance nationale. Ce sont des notions extrêmement larges», s’est inquiété l’élu socialiste Jérôme Durain. Ni son amendement proposant de restreindre l’utilisation de l’algorithme aux seules interférences, ni le suivant proposant de réduire l’expérimentation à 3 ans n’ont été retenus.

Le rapporteur du texte a en effet voulu rassurer les sénateurs, estimant que l’utilisation d’algorithmes par les services de renseignement « s’améliore et a fait ses preuves en matière de terrorisme » et qu’elle est particulièrement utile pour lutter contre les cyberattaques. . Cet article a également recueilli le soutien du ministre Jean-Noël Barrot, soulevant les risques que peuvent faire peser les cyberattaques sur les élections dans le monde : « L’usage qui sera fait par les services de renseignement de ces algorithmes permettra d’identifier, de détecter et de prévenir ce type d’événements qui peuvent porter atteinte à ce qui est au cœur de l’État de droit, c’est-à-dire l’expression du suffrage du peuple souverain. »

Une commission paritaire doit désormais se réunir pour convenir d’un texte commun entre la version votée à l’Assemblée et celle adoptée au Sénat.

Anna

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