Le Sénégal officialise son entrée dans le rang des pays producteurs de pétrole

Une société australienne d’exploitation pétrolière vient d’annoncer sa première extraction de pétrole brut sur le site de Sangomar, au large des côtes sénégalaises. Une grande première pour le Sénégal et un premier défi pour le nouveau président Bassirou Diomaye Faye.

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Le président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, après avoir prononcé son discours de président, à Dakar, le 2 avril 2024. (JOHN WESSELS / AFP)

C’est officiel, le Sénégal est entré dans le cercle des pays producteurs d’hydrocarbures avec l’annonce mardi 11 juin par la société australienne Woodside Energy du début de l’extraction du pétrole du champ de Sangomar, au large des côtes sénégalaises. Un défi pour Bassirou Diomaye Faye,e président du changement, de la rupture avec le passé colonial, qui bénéficie aujourd’hui d’un héritage en or, celui de son prédécesseur Macky Sall. C’est lui qui est à l’origine de la prospection et du lancement du site pétrolier, mais surtout des gisements gaziers découverts entre 2014 et 2015, plus au Nord : Grand Tortue, Teranga, Yakaar. C’est l’assurance d’un Sénégal autonome, avec 100 000 barils par jour pour le champ pétrolier en eau profonde de Sangomar. Pour le gaz, une première récolte de 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an et 10 millions de tonnes d’ici 2030. Des perspectives qui permettent au Sénégal d’entrer dans le club très fermé des pays producteurs.

A condition bien sûr que l’État sénégalais en profite. C’est là qu’intervient le premier défi du nouveau président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Omar Sonko, mentor et architecte aujourd’hui de la politique de décolonisation, qui a conduit les deux hommes au pouvoir. Dans un discours prononcé il y a trois semaines, l’objectif d’Omar Sonko est de suivre la voie tracée par le Qatar, premier pays producteur mondial de GNL. « Si vous allez dans des pays comme le Qatar qui, il y a 30 ou 40 ans, n’étaient que quelques tentes dans le désert, regardez ce qu’ils sont devenus grâce à une bonne utilisation de leur gaz naturel. Mais si nous ne prenons pas nos responsabilités, je peux vous assurer que le Sénégal ne gagnera pas un kopeck avec son gaz.« , a-t-il déclaré.

Les Britanniques de BP, les Américains de Kosmos Energy, le groupe australien Woodside, qui sont déjà en phase opérationnelle, sont donc appelés à revenir à la table des négociations et à réviser à la baisse les bénéfices qu’ils espéraient tirer des nouveaux gisements sénégalais. . Légalement, il est possible de redéfinir les termes d’un contrat de ce type dans un délai de huit ans après sa signature. C’est le tour de force que veut tenter la présidence sénégalaise, même si les prévisions de bénéfices se chiffrent déjà en milliards de dollars et qu’en l’état, ces partenariats vont booster la croissance, annoncée à près de 9% au Sénégal à partir de cette année. Omar Sonko et Bassirou Diomaye Faye ne veulent pas s’en contenter, au risque d’effrayer les investisseurs et d’exposer le pays à des poursuites devant les tribunaux internationaux. Ils considèrent que c’est le prix à payer, un combat indispensable pour s’affranchir de la domination étrangère dans l’exploitation des richesses en Afrique.