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Le sexisme persiste en France, y compris chez les jeunes, selon le Haut Conseil à l’égalité

Le sexisme et les « réflexes masculins » persistent en France malgré la prise de conscience suscitée par le mouvement #MeToo, selon un rapport rendu public lundi par le Haut Conseil à l’égalité, qui appelle à « réguler les contenus numériques ».

Sexisme, « réflexes masculinistes » chez les jeunes hommes… Malgré la déferlante #MeToo, la page est loin d’être tournée en France, selon les conclusions d’un rapport rendu public lundi 23 janvier par le Haut conseil à l’égalité (HCE).

La présidente du HCE, Sylvie Pierre-Brossolette, doit être reçue mercredi par le président Emmanuel Macron, à l’occasion de la Journée contre le sexisme. L’instance consultative indépendante, qui fête ses dix ans, participera cette semaine à une campagne de sensibilisation et ouvrira mercredi un « procès contre le sexisme », organisé par le collectif Ensemble contre le sexisme, qui sera clôturé par le ministre chargé de la Egalité des sexes, Isabelle Rome.

« Le sexisme ne recule pas en France. Au contraire, certaines de ses manifestations les plus violentes s’aggravent et les jeunes générations sont les plus touchées », écrit le HCE, qui note que « cinq ans après #MeToo », la « société française reste sexiste dans tous les domaines » : public, privé, professionnel, politique, médiatique…

>> À lire aussi : « Violences sexistes et sexuelles en politique : ‘Relève féministe’ ne veut plus rien laisser passer »

Les hommes peinent « à se sentir concernés »

« L’opinion publique reconnaît et déplore l’existence du sexisme mais ne le rejette pas dans la pratique, principalement chez les hommes », selon le rapport, qui s’appuie sur des chiffres officiels et sur un baromètre réalisé par l’institut ViaVoice auprès de 2.500 personnes représentatives.

80% des femmes déclarent avoir eu le sentiment d’avoir été moins bien traitées à cause de leur sexe au cours de leur vie.

14% déclarent avoir déjà subi « un acte sexuel imposé » et, plus largement, 37% déclarent avoir vécu des situations non consensuelles dans les rapports sexuels, y compris des rapports non protégés à l’insistance de leur partenaire (12%), sans consentement sous le influence de l’alcool ou de la drogue (7 %).

Le sexisme entraîne des renoncements quotidiens, pour neuf femmes interrogées sur dix : la moitié renonce à sortir ou à faire des activités seules ou à s’habiller comme elle le souhaite. Huit personnes sur dix ont peur de rentrer seules chez elles le soir.

Les hommes, pour leur part, peinent « à se sentir concernés », ne se sentent pas personnellement responsables des comportements sexistes, voire, pour un quart d’entre eux, pensent qu’on « en fait trop sur les agressions sexuelles ».

Si les hommes de plus de 65 ans sont plus « conservateurs », attachés à des rôles de genre stricts, le HCE observe aussi des « clichés masculinistes » chez les moins de 35 ans : un quart estime qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter.

L’image de la femme véhiculée par la pornographie est considérée comme problématique par la moitié d’entre elles, contre 79 % des 65 ans et plus.

Le HCE s’inquiète d’un « phénomène de contrecoup à l’oeuvre partout », avec des « razzias masculinistes » sur les réseaux sociaux « pour faire taire les femmes ou les discréditer ».

Globalement, le HCE met en garde contre une « situation qui s’aggrave avec l’apparition de nouveaux phénomènes : violence en ligne, virulence accrue sur les réseaux sociaux, barbarie dans de très nombreuses productions de l’industrie pornographique, affirmation d’une sphère masculiniste et antiféministe ».

Éduquer et réguler le numérique

Les pouvoirs publics « ne sont pas jugés à la hauteur des enjeux sur ces questions », note l’institution.

« Le sexisme ordinaire ouvre la voie au sexisme violent. Pour le combattre, il faut prendre des mesures qui influencent les mentalités dès le plus jeune âge : une action éducative massive, une régulation du numérique », déclare Sylvie Pierre-Brossolette à l’AFP.

Parmi les « mesures phares » identifiées par le HCE, la « régulation des contenus dans le secteur numérique pour lutter contre les stéréotypes, les représentations dégradantes et les scènes de violence désormais monnaie courante sur Internet, notamment dans les vidéos pornographiques ».

L’institution propose également la création d’une « Haute autorité indépendante de lutte contre les violences basées sur le genre en politique », après les scandales qui ont secoué les partis l’an dernier.

Elle recommande de renforcer « les moyens financiers et humains de la justice pour les juridictions chargées de traiter les violences domestiques, à l’instar de l’investissement espagnol ». Le gouvernement a confié au Parlement une mission sur ces juridictions spécialisées.

Pour changer les mentalités, le HCE recommande d’interdire la publicité pour les jouets sexués et de conditionner le versement de l’argent public à une considération en termes d’égalité, par exemple en matière de formation, pour les entreprises.

Avec l’AFP

France 24

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