DDu 26 au 29 février, l’Arabie Saoudite a accueilli la SnowBlast KSA Cup, une compétition de ski, à la King Arena de Riyad, avec des températures extérieures avoisinant les 25°C. Les organisateurs se sont vantés d’avoir transporté quelque 500 tonnes de neige pour préparer la piste longue de 150 mètres. Ils ont également tenu à rappeler que la province de Tabuk verra émerger, d’ici 2029, la station de ski parfaitement artificielle de Trojena, juste à temps pour accueillir les Jeux asiatiques d’hiver. Un projet pharaonique, contre nature et, oserons le dire, destructeur pour le climat, qui s’ajoute à une longue liste, dont la Coupe du monde 2022 au Qatar, dans des stades climatisés, ou le récent lancement de Icône des mers, le plus grand paquebot de l’histoire. A l’heure de promouvoir les gestes éco-responsables et “Je baisse, j’éteins, je décale”le paradoxe ne peut que frapper l’esprit.
Cette dichotomie, entre certains États et entreprises qui poursuivent des stratégies expansionnistes sans se soucier de leur impact environnemental et des populations contraintes de contribuer à l’effort collectif en faveur de la transition, est des plus inquiétantes.
Le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources sont des phénomènes mondiaux. L’exploitation et la dégradation des biens communs par les uns ont forcément des répercussions sur les autres. Une situation propice à l’émergence de « free riders », c’est-à-dire d’États, d’entreprises et de particuliers qui entendent bénéficier des efforts des autres, sans y contribuer d’aucune manière. Cela renforce le sentiment d’injustice, voire une forme de complot, au sein de la population. Cela donne aussi des arguments à ceux qui ne veulent rien faire.
L’autre risque est de voir les politiques de transition rendues insignifiantes. Quel impact peuvent avoir les micro-efforts demandés aux populations en termes de tri, de recyclage, de consommation de viande, d’eau et d’électricité, ou encore d’électrification et de collectivisation de leurs déplacements… alors qu’une grande partie du reste du monde continue de brûler ? grandes quantités d’énergies fossiles et n’aspire qu’à la croissance ?
Déplacer la pollution
De plus, il risque de s’ériger en donneur de leçons aux yeux de ces nations. D’autant que la surconsommation caractéristique du mode de vie occidental tend à externaliser la pollution vers des pays aux faibles coûts de production et aux faibles exigences environnementales. Même si tous les Français arrêtaient d’utiliser leur voiture – ce qui n’est bien entendu pas à l’ordre du jour – l’impact sur les émissions globales de CO2 ne serait que de 0,13 points à périmètre constant. Loin de pouvoir compenser la logique expansionniste de nos voisins.
Il vous reste 51,45% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.