Le tourisme canadien craint une intensification de la saison des incendies

Des images d’incendies de forêt faisant le tour du monde, un parc national touché, de la fumée engloutissant tout sur des milliers de kilomètres : les derniers étés ont donné des maux de tête à l’industrie touristique canadienne, qui craint que les visiteurs ne fuient.

L’année 2023 a été marquée dans le pays par des méga-incendies et un record de superficies brûlées. Et si en 2024 les dégâts sont moins importants, l’immense incendie qui a touché un parc emblématique a marqué le pays, et contraint des milliers d’habitants et de touristes à évacuer.

Considéré comme un joyau du Canada, le parc Jasper, frappé en pleine saison touristique, accueille chaque année 2,5 millions de visiteurs, Canadiens comme étrangers. Mais depuis juillet, de nombreuses activités sont à l’arrêt.

Les mois d’été sont cruciaux à Jasper, affirme Stavros Karlos de l’Alberta Provincial Tourism Association.

“C’est une catastrophe”, dit-il. Ce parc naturel est un “emblème national” et la province a perdu son attrait, craint-il.

Les trois quarts des entreprises locales génèrent plus de 60 % de leur chiffre d’affaires annuel durant cette période et les pertes de revenus quotidiennes sont estimées à 4,5 millions de dollars canadiens (3 millions d’euros).

De vastes zones du parc étant touchées, l’impact de l’incendie pourrait se faire sentir pendant plusieurs années.

Et les scientifiques sont positifs : les saisons des incendies seront plus longues et plus dévastatrices dans les années à venir en raison du réchauffement climatique.

« Lorsque les médias d’autres pays rapportent que le Canada est en feu, c’est un défi pour nous », admet Beth Potter, qui dirige l’Association de l’industrie touristique du Canada.

« Nous sommes un très grand pays et une région peut être confrontée à un événement extrême, mais cela ne veut pas dire que le pays tout entier l’est », poursuit-elle, rappelant que le Canada fait « 18 fois la taille de la France ».

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L’été dernier, les opérateurs touristiques de l’est du Canada ont dû faire face à des annulations en raison d’incendies de forêt à plus de 3 500 kilomètres de là, en Colombie-Britannique.

– “Problème d’image” –

« Les changements climatiques constituent une menace existentielle » pour le tourisme canadien et la réputation du pays, a reconnu au printemps la ministre canadienne du Tourisme, Soraya Martinez Ferrada.

D’autant que la fumée des incendies atteint souvent les Etats-Unis, plongeant certains Etats dans un air pollué parfois pendant plusieurs jours. Et les Américains représentent environ les deux tiers des visiteurs internationaux au Canada.

Destination Canada, qui est chargée de promouvoir le Canada comme destination touristique, admet avoir « un problème d’image à gérer » mais travaille à mettre en place de « bonnes pratiques », notamment en matière de communication pour avertir précisément les touristes de la situation.

L’industrie vise aussi à terme avoir du tourisme peu importe la saison, pour « avoir une base touristique à l’année », souligne Sébastien Dubois, le directeur général.

Mais pour l’instant, l’impact ne se fait pas encore sentir au niveau national : 2024 s’annonce comme une bonne année, puisque les revenus générés par les visiteurs internationaux ont, depuis fin juillet, dépassé ceux de 2019 à la même époque, année considérée comme un record.

Ce qui s’est passé à Jasper devrait néanmoins servir de « signal d’alarme » pour l’industrie du tourisme et les autorités, affirme Karlos, qui espère que le pays sera en mesure de mettre en place un programme d’atténuation des risques pour lutter contre les incendies de forêt.

ampli/tib/cyb