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Avec le retour des cloches, Notre-Dame retrouve sa « voix » avant la réouverture

Une bénédiction religieuse et trois coups de cuivre en guise de symbole de “renaissance” : Notre-Dame de Paris a retrouvé jeudi sa “voix” avec le retour des huit cloches de sa tour nord, une nouvelle étape clé à moins de trois mois de la réouverture de la cathédrale. De “Gabriel”, et ses plus de quatre tonnes, à la plus petite “Jean-Marie” (environ 800 kg), baptisée en hommage au cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris de 1981 à 2005, ces huit cloches portant les noms de personnalités ayant marqué la vie du diocèse et de l’Eglise sont arrivées en fin de matinée sur un camion, parmi quelques dizaines de curieux présents pour immortaliser ce retour. Au sein du chantier de la cathédrale, elles ont ensuite été bénies par Mgr Olivier Ribadeau Dumas, recteur-archiprêtre de la cathédrale, tout sourire sous son casque de protection, avec son aube liturgique. La cérémonie s’est déroulée devant un petit parterre hétéroclite d’ouvriers, d’artisans et de journalistes, ainsi qu’une vingtaine de curieux qui, grâce à un portail laissé ouvert pour eux, ont applaudi cette étape symbolique du renouveau de la cathédrale, en partie dévorée par les flammes le 15 avril 2019. “Ces cloches annoncent le retour à la vie de Notre-Dame”, a déclaré le recteur qui, après la bénédiction, a sonné trois fois – au “nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit” – l’une de ces cloches de bronze baptisée “Marcel”, un évêque parisien du Ve siècle. – “Les cloches du quotidien” – “C’est la voix de Notre-Dame. Ce sont les cloches du quotidien, celles que les Parisiens peuvent entendre tous les jours”, s’est réjoui Philippe Jost, président de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, maître d’ouvrage du projet. “Cela nous projette vers la renaissance de Notre-Dame.” Pour permettre la restauration de la tour nord, endommagée par les flammes de l’incendie géant de 2019, les huit cloches ont été déposées en juillet 2023. Elles ont depuis été nettoyées des poussières de plomb, révisées et restaurées en Normandie par la fonderie Cornille Havard. La même entreprise les avait fabriquées en 2013, à l’occasion des 850 ans de la cathédrale. Grâce à un treuil, elles vont désormais être hissées dans les « deux à trois » prochaines semaines dans le beffroi, disposé sur deux étages à une cinquantaine de mètres au-dessus du pavé parisien. Une opération technique, avec une « séquence de quatre trappes » non alignées, avec pour l’une d’elles un « jeu » de quelques centimètres seulement pour faire passer la plus grosse cloche. « C’est un vrai défi de faire passer les cloches, sans les abîmer bien sûr », a expliqué Alexandre Gougeon, l’un des deux copilotes de l’opération de remontage. – Un air olympique – Une fois les cloches remises en place, un système de motorisation sera installé pour les actionner automatiquement, en fonction du calendrier liturgique. Si certains passants ou riverains pourront les entendre ponctuellement dans les prochaines semaines, lors de tests, le carillon reprendra formellement du service ponctuellement avec le retour des messes, début décembre, selon le recteur. Il voit dans ces cloches un « symbole de rassemblement pour les croyants, les non-croyants », mais aussi tous les « Parisiens » et « Français ». Elles constituent le noyau dur de l’ensemble des vingt cloches qui composent la cathédrale, dont les deux bourdons de la tour sud. Mais Notre-Dame accueillera aussi bientôt trois nouvelles cloches, plus petites, dans la nef, dont celle qui avait été installée au Stade de France lors des Jeux olympiques et paralympiques et que sonnaient les sacrés athlètes. Après cinq ans d’un chantier colossal, qui a mobilisé 250 entreprises et des centaines d’artisans, la cathédrale doit rouvrir ses portes le 7 décembre. Des travaux sont toujours en cours pour achever la restauration de l’édifice et permettre au public de revenir à Notre-Dame, où une dizaine de millions de personnes se pressaient chaque année avant l’incendie. D’ici là, la statue de Notre-Dame aura également fait son retour dans la cathédrale, probablement en novembre, et l’orgue, actuellement en cours d’accordage, aura lui aussi retrouvé toute sa « voix ». alu/grd/abl