Le Vatican est au courant depuis des années du comportement de l’abbé Pierre, désormais accusé d’agressions sexuelles par plusieurs femmes, dont des mineures, a révélé le pape François à son retour de son long voyage en Asie, vendredi 13 septembre. « Je ne sais pas quand le Vatican l’a découvert. Je ne sais pas. Je ne sais pas parce que je n’étais pas là. (il a été élu en 2013)et il ne m’est pas venu à l’idée de faire des recherches là-dessus. Mais certainement, après la mort (de l’Abbé Pierre, en 2007)c’est sûr. Mais avant, je ne sais pas”, a répondu le chef de l’Église catholique à une question de Monde lors d’une conférence de presse dans l’avion de Singapour à Rome après douze jours de voyage en Asie. « L’abus sexuel sur les enfants et les mineurs est un crime ! C’est une honte ! »a condamné le souverain pontife, alors que la plus jeune victime connue de l’abbé Pierre avait 8 ans au moment des faits.
Le pape a également appelé à l’ouverture sur le sujet, approuvant implicitement le travail d’enquête mené à l’initiative de l’organisation Emmaüs, à l’origine des révélations sur les attentats commis par son fondateur. « Nous devons être clairs sur ces faits, et non les dissimuler : lutter contre les abus est une chose que nous devons tous faire. », a-t-il déclaré. Avant de lancer : « Je suis heureux quand ces cas sont révélés. »
Le pape s’est exprimé pour la première fois depuis les révélations d’Emmaüs, qui, Après les premiers témoignages recueillis par Véronique Margron, la présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), avait commandé une enquête au cabinet indépendant Egaé. Le résultat, publié le 17 juillet, révélait des agressions sexuelles répétées de l’ancien résistant, devenu député et défenseur des plus démunis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. La plupart des victimes étaient des employées ou bénévoles d’Emmaüs, qui ont rapporté des attouchements et des baisers forcés entre 1970 et 2005, deux ans avant sa mort à l’âge de 94 ans. L’une d’elles avait 16 ans.
La publication de ce premier rapport a convaincu d’autres victimes de témoigner. Le 6 septembre, Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre ont publié une nouvelle note révélant des faits plus nombreux et plus graves : la plus jeune victime avait 8 ans. Un cas de fellation forcée est également signalé, un viol aux yeux de la loi française.
Les premiers témoignages remontent à 1956, posant la question de l’omerta qui régnait autour de l’abbé Pierre. « Les évêques furent informés et les dirigeants d’Emmaüs étouffèrent l’affaire », ont écrit les quatre chercheurs de l’équipe de recherche socio-historique de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE), dans une chronique publiée dans Le monde 20 juillet, après la publication de l’enquête Egaé.
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