Les résultats, encore partiels, des élections européennes, qui se sont tenues du jeudi 6 au dimanche 9 juin, sont sans ambiguïté. Les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) progressent et confirment leur place de premier parti politique au Parlement de Strasbourg, tandis que l’extrême droite fait une percée. Les sociaux-démocrates (S&D) – deuxième groupe de l’hémicycle communautaire – perdent du terrain mais ce sont surtout les libéraux de Renew et les Verts qui reculent.
La légère hausse de la participation électorale – à 51 %, contre un peu plus de 50 % en 2019 – n’a pas empêché les partis d’extrême droite d’améliorer leur score. En France, le Rassemblement National (RN) est arrivé en tête ; Fort d’un score historique, il enverra pour la première fois une délégation d’une trentaine d’eurodéputés à Strasbourg. En Italie, Fratelli d’Italia – le parti postfasciste de la présidente du conseil, Giorgia Meloni – devrait également obtenir un important contingent d’élus ; La Ligue du Nord de Matteo Salvini pourrait en compter sept. En Autriche, le Parti de la liberté (FPÖ) devance la droite conservatrice du Parti populaire (ÖVP) et les sociaux-démocrates (SPÖ).
L’extrême droite arrive en deuxième position dans plusieurs autres États membres. C’est le cas outre-Rhin, où l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) a dépassé le Parti social-démocrate (SPD) actuellement au pouvoir ; en Pologne également, avec la formation Droit et Justice (PiS). Aux Pays-Bas, le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders, fort de sept élus, vient derrière la coalition des Socialistes et des Verts. Enfin, plusieurs pays enverront pour la première fois des élus nationalistes, comme le Portugal.
« Le PPE a reconquis les élus »
Ces succès électoraux devraient permettre aux droites nationalistes et souverainistes d’occuper plus d’un quart de l’hémicycle de 720 députés. Mais leur véritable influence dépendra de leur capacité à former une alliance.
Jusqu’à présent, ils n’ont jamais réussi à coopérer, en raison de sérieuses divergences idéologiques, par exemple sur la Russie. On les retrouve, aux côtés de Fratelli d’Italia ou du PiS, dans le groupe des Conservateurs et Réformistes européens (ECR, qui devrait compter 72 élus, contre 68 aujourd’hui) et, avec le RN, au sein d’Identité et Démocratie (ID, qui devrait rassembler 58 élus, comme en 2019).
Par ailleurs, plusieurs dizaines d’élus ne sont pas concernés aujourd’hui, comme ceux du Fidesz hongrois, de l’AfD allemande – que le groupe ID vient d’exclure – ou du mouvement portugais Chega. Dans ce contexte, des rapprochements sont à prévoir qui pourraient laisser présager une recomposition de l’extrême droite au Parlement européen et dont les conséquences, à ce stade, sont encore difficiles à évaluer. Les discussions, déjà entamées, vont s’intensifier dans les prochains jours.
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