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“Le vote européen a toujours été une élection intermédiaire qui permet de sanctionner un gouvernement”, décrypte un spécialiste de l’Europe.

Patrick Martin-Genier, enseignant à Sciences Po et INALCO, spécialiste de l’Europe, était l’invité de franceinfo mardi.

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Gabriel Attal met la main à la pâte. Lundi 29 avril, le Premier ministre a confirmé son intention de débattre avec Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national pour les élections européennes. Mardi soir, il a endossé le costume de leader de la majorité pour le premier comité de campagne, au siège du parti Renaissance. Autour de lui, une cinquantaine de personnalités, toutes soutiens d’Emmanuel Macron. Un défi majeur pour le président de la République car même si les élections sont européennes, l’enjeu est aussi national, explique Patrick Martin-Genier, enseignant à Sciences Po et à l’INALCO, spécialiste de l’Europe. Il était l’invité de Franceinfo mardi soir.

Franceinfo : L’enjeu des élections européennes se situe-t-il aussi au niveau national ?

Patrick Martin-Genier : C’est vrai qu’il faut toujours parler d’Europe, mais que ce soit en France ou ailleurs, le vote européen a toujours été un vote intermédiaire qui permet de sanctionner le gouvernement. Nous parlons principalement de questions intérieures et notamment de sécurité et d’immigration. Ça a toujours été comme ça. Quand on regarde les questions migratoires, c’est la France et aussi l’Europe. Quand on parle d’environnement, c’est l’Europe, mais aussi à l’échelle nationale. En fait, il y a une interaction, une imbrication des enjeux nationaux avec les enjeux européens. Mais l’objectif essentiel de cette campagne est de sanctionner un gouvernement pour la politique menée par Emmanuel Macron depuis sa réélection. En Allemagne, on veut sanctionner le chancelier Olaf Scholz. Ou bien, comme en Italie, nous voulons sanctionner Giorgia Meloni, la présidente d’extrême droite du Conseil, qui, parce qu’elle voit qu’il y a des risques, prend elle-même la tête de cette campagne électorale. On voit donc bien que ces problématiques nationales et européennes sont très imbriquées. Ce qui serait intéressant et bénéfique pour les électeurs, c’est que l’on parle de grands enjeux européens et c’est vrai qu’on n’en parle pas beaucoup là-bas.

Ce vote de sanction, qui peut exister en Allemagne et en Italie, est-il généralisé dans les 27 pays de l’Union ou existe-t-il d’autres pays où ce n’est pas le cas ?

En effet, il y a d’autres pays où l’on parle beaucoup des enjeux européens, notamment par rapport à la guerre en Ukraine, par rapport à la défense européenne. Nous parlerons de ces questions de sécurité dans les pays baltes et dans les pays du Nord, mais aussi ailleurs, dans d’autres pays. Et c’est ça qui est intéressant, ce sont les grands enjeux européens dont il faut parler aujourd’hui. Mais c’est vrai que c’est ce qui manque dans ce débat politique interne à la France.

Selon vous, ce vote dans les 27 pays de l’Union entraînera-t-il un changement de majorité au Parlement européen ?

Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura un renforcement considérable de l’extrême droite au sein de ce Parlement européen. Regardez en Allemagne, l’AFD, le parti d’extrême droite, est à 18 ou 20 %. L’extrême droite a augmenté au Portugal et en Espagne. L’extrême droite est également présente en Suède. Ça monte partout. Quant à dire qu’il aura la majorité au Parlement européen, je n’y crois pas. Car les sondages montrent que les principaux partis resteront la droite chrétienne-démocrate modérée, et le Parti socialiste – qui continue d’exister -, puis les Verts qui restent favorables, ainsi que les libéraux dont Renew fait partie. Il y aura donc une majorité qui pourrait éventuellement soustraire l’extrême droite à ses responsabilités au Parlement européen, mais elle augmenterait considérablement ses positions et pourrait avoir un effet de nuisance.

Celine

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