Le « vote sanction » contre Emmanuel Macron, carburant pour de nombreux électeurs

« Je ne peux donc pas, à la fin de cette journée, faire comme si de rien n’était. » Tirant les conséquences de ces élections européennes, marquées par un écart historique entre les 31,3 % du Rassemblement national et les 14,6 % du parti présidentiel, Emmanuel Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale.

Parmi les facteurs de la défaite de Valérie Hayer, le « vote sanction » occupe une place importante. Selon une enquête Ipsos réalisée à l’avant-veille du scrutin pour France Télévisions, Radio France, France 24/RFI et Public Sénat/LCP Assemblée nationale, 39 % des électeurs se sont rendus aux urnes « avant tout pour manifester leur opposition au président de la République ». la République et au gouvernement. Un résultat en hausse de trois points par rapport à 2019.

Au contraire, seulement 10 % des électeurs déclarent avoir voté pour manifester leur soutien au parti présidentiel. Un chiffre en baisse de six points par rapport à 2019.

Une campagne sur fond de référendum anti-Macron

C’est chez les électeurs du Rassemblement national que ce vote d’opposition est le plus présent. Selon l’enquête Ipsos, elle constitue la principale motivation de 68% des électeurs de Jordan Bardella. Un résultat qui n’a rien de surprenant, puisque la tête de liste RN a toujours présenté cette élection avant tout comme un « référendum anti-Macron ». Par conséquent, ce sont en grande partie les questions nationales, à 73 %, qui ont décidé les électeurs à voter pour Jordan Bardella. Seuls 27 % d’entre eux s’intéressent aux questions européennes. A titre de comparaison, plus de 80% des votants de Valérie Hayer, Raphaël Glucksmann et Marie Toussaint ont pris en compte en priorité les propositions européennes des candidats pour déterminer leur vote.

Si c’est moins clair, le vote à gauche a aussi été en partie motivé par la volonté de sanctionner Emmanuel Macron, notamment parmi les électeurs de La France insoumise. Selon l’enquête Ipsos, 53 % des électeurs de la liste de Manon Aubry citent l’opposition au président de la République comme première motivation. Des chiffres qui s’expliquent par le climat général dans lequel baignaient les Français, à quelques jours du scrutin. Selon l’étude Ipsos, l’inquiétude, l’incertitude, la fatigue et la colère étaient les quatre sentiments qui dominaient l’esprit des électeurs à la veille du vote. Parmi les électeurs RN, 60 % se disent en colère, un chiffre qui monte même à 66 % chez les électeurs de La France insoumise.

Un désaveu sans précédent pour le parti présidentiel

Pour Mathieu Gallard, directeur des études à Ipsos, l’écart historique entre la liste du Rassemblement national et celle de Renaissance reflète un rejet sans précédent d’Emmanuel Macron et de son gouvernement : « En 2014, le Parti socialiste a obtenu un score de 14 %, mais on peut y ajouter près de 9 % de la liste écologiste, qui soutenait encore largement à l’époque le président François Hollande. Avoir un parti présidentiel en dessous de 15%, on peut donc dire que c’est du jamais vu. »

Au-delà du désaveu du 9 juin, le rejet de la figure du président de la République ne date pas d’hier. « En 2022, Emmanuel Macron a été élu plus par défaut que par enthousiasme », observe Mathieu Gallard, pour qui « la situation s’est néanmoins dégradée depuis la réforme des retraites, qui a créé une rupture entre le parti présidentiel et les classes moyennes. »

Avec ces élections européennes, le rejet d’Emmanuel Macron franchit encore un cap : même parmi les plus âgés, population traditionnellement soutenue par le parti présidentiel, le score de la Renaissance chute fortement. « L’électorat macroniste ne se soucie que du vote des seniors de 70 ans et plus, dont un quart soutiennent Renaissance. Quand on passe en dessous de 70 ans, aucune autre tranche d’âge ne soutient le parti présidentiel à plus de 15 % », analyse Mathieu Gallard. Une base électorale qu’il faudra considérablement élargir en l’espace de trois semaines, avant les élections législatives du 30 juin.

Anna

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