L’économie japonaise s’est contractée plus que prévu au premier trimestre

Des piétons défilent devant le siège du groupe japonais SoftBank Group à Tokyo, le 2 mai 2024 (Yuichi YAMAZAKI)

Des piétons défilent devant le siège du groupe japonais SoftBank Group à Tokyo, le 2 mai 2024 (Yuichi YAMAZAKI)

L’économie japonaise s’est contractée plus que prévu au premier trimestre selon les données gouvernementales publiées jeudi, en raison notamment des scandales automobiles et d’une consommation intérieure mise à mal par l’inflation et la faiblesse du yen.

Le produit intérieur brut (PIB) du Japon entre janvier et mars a chuté de 0,5% par rapport au trimestre précédent, alors que les économistes du consensus Bloomberg tablaient sur une légère baisse de 0,3%.

La croissance du PIB au quatrième trimestre 2023 a également été révisée jeudi à 0% (+0,1% auparavant).

« L’économie japonaise est en mauvais état », a déclaré Stefan Angrick dans une note de Moody’s Analytics.

L’archipel « évite de justesse l’étiquette redoutée de +récession technique+ définie par deux baisses consécutives » du PIB. Mais « la nouvelle baisse au premier trimestre 2024 montre que le Japon n’est pas non plus très loin de la récession », a-t-il ajouté.

– Scandales automobiles –

L’économie japonaise a particulièrement souffert au premier trimestre des effets des scandales dans l’industrie automobile locale. Le constructeur Daihatsu, filiale du géant Toyota, a été contraint de suspendre fin décembre l’ensemble de sa production au Japon, après la révélation de nombreuses irrégularités dans les tests de ses produits.

Ce groupe spécialisé dans les mini-véhicules avait progressivement repris sa production dans l’archipel à partir de février, et a annoncé le mois dernier un retour à la normale.

Cette affaire a beaucoup embarrassé sa maison mère, Toyota, très soucieuse de sa réputation au Japon, qui s’attend pour l’exercice 2024/25 à un léger recul de ses ventes mondiales en volume, notamment en raison de la baisse attendue des ventes de Daihatsu au Japon. archipel.

Ces problèmes de production ont particulièrement pesé sur les exportations de l’archipel (-5% au premier trimestre). Les investissements non résidentiels des entreprises ont diminué de 0,8 %.

Au premier trimestre, l’archipel a également subi les conséquences d’un tremblement de terre dévastateur survenu au Nouvel An au large de la péninsule de Noto, au centre de l’archipel, qui a fait plus de 240 morts et d’importants dégâts.

– Une consommation atone –

Si ces facteurs ne devraient plus peser sur le PIB au deuxième trimestre, l’économie japonaise a également été fragilisée par le phénomène plus durable d’atonie de la consommation privée, qui a reculé de 0,7% sur la période janvier-mars.

Même si l’archipel accueille un nombre record de touristes étrangers, la consommation des ménages japonais, en baisse en mars pour le treizième mois consécutif, souffre de l’effet conjugué de l’inflation et de la faiblesse du yen, accentué par la politique monétaire accommodante. politique de la Banque du Japon (BoJ).

Le pays est confronté à une inflation quasi inexistante, voire à une déflation, depuis des décennies, mais la hausse des prix à la consommation dépasse les 2 % depuis deux ans, tandis que les salaires réels (ajustés à l’inflation) baissent. constant depuis avril 2022.

Cette situation pourrait cependant changer puisque les négociations salariales qui ont lieu chaque printemps au Japon devraient aboutir cette année à des augmentations de plus de 5%, un record depuis plus de trente ans.

La BoJ, qui a entrepris une normalisation en douceur de sa politique monétaire en mettant fin à ses taux négatifs en mars et devrait relever à nouveau ses taux d’ici la fin de l’année selon les analystes, pourrait hésiter face aux derniers chiffres, selon M. Angrick. .

« Les dernières données du PIB constituent un casse-tête supplémentaire » pour la BoJ, a-t-il déclaré. Malgré les augmentations de salaires attendues cette année, « nous mettons en garde contre les attentes d’un revirement immédiat, car il faudra du temps aux ménages pour se remettre des pertes de revenus réels subies en 2022 et 2023 ».

L’analyste Taro Kimura de Bloomberg Economics estime néanmoins que le déclin de l’économie japonaise au premier trimestre « ne dissuadera pas la BoJ de normaliser sa politique monétaire ».

La banque centrale a relevé le mois dernier ses prévisions d’inflation, tablant sur une hausse des prix à la consommation (hors produits frais) de 2,8% pour l’exercice 2024/25 qui a débuté le 1er avril, puis de 1,9% en 2025/26.

Elle a également abaissé ses prévisions de croissance économique pour le Japon en 2024/25 (à +0,8 %), mais table toujours sur +1 % pour 2025/26.

mac/ep/lgo