De 1975 à 1990, sur Antenne 2, il reçoit des centaines d’écrivains. Des millions de Français étaient devant leur téléviseur pour ce rendez-vous incontournable des amateurs de livres chaque vendredi soir. Retour sur quelques séquences mythiques de la série.
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Dans 724 émissions, il y a eu de nombreux événements d’anthologie. Bernard Pivot a invité les plus grands écrivains du XXe siècle, avec parfois des heurts ou des précisions. Franceinfo Culture en a sélectionné quelques-unes.
Sur le plateau deApostrophes en septembre 1978, Bernard Pivot tient difficilement son set dont les invités sont particulièrement dissipés, et surtout l’écrivain Charles Bukowski, qui marmonne constamment, complètement ivre. “Ciao, finalement cet écrivain américain ne tient pas vraiment la bouteille.”, dit Bernard Pivot en le renvoyant du conseil d’administration. Une séquence culte.
“J’ai appris des choses sur toi.« C’est ce que disait Bernard Pivot à Serge Gainsbourg à propos de son nouveau livre, le 26 décembre 1986. Quand Gainsbourg parle de ses premiers amours avec la peinture, un art qu’il considère comme «majeur”contrairement à la musique qu’il considère comme un art”mineure”, s’insurge Guy Béart. Gainsbarre finit par appeler Béart »blaireau” en lui expliquant : « Vous n’avez besoin d’aucune initiation pour chanter la chanson.“
Bernard Pivot, qui fut le premier en Occident à recevoir l’écrivain russe et prix Nobel de littérature après son expulsion d’Union soviétique en avril 1975, consacra une émission spéciale à Alexandre Soljenitsyne en décembre 1983. Le célèbre dissident du régime soviétique anime l’émission chez lui aux États-Unis, où il s’est exilé avec sa femme et ses trois fils. A l’époque, l’auteur de L’archipel du Goulag (1973), chronique extrêmement célèbre du système de répression politique en Union soviétique, vient de publier La roue rougepremier volume d’une histoire romancée de la Russie, et Nos pluralistes, un pamphlet politique en réponse aux critiques que lui adressent les émigrés russes. Dans cette rare interview, on parle beaucoup de littérature, un choix de Bernard Pivot alors que l’écrivain reproche aux journalistes de ne s’intéresser à lui que sous l’angle politique. Soljenitsyne, qui espère ici pouvoir rentrer vivant dans son pays, sera de nouveau interviewé par Bernard Pivot en 1998, chez lui à Moscou, dans l’émission Bouillon de culture.
Le 28 septembre 1984, Bernard Pivot reçoit l’écrivaine Marguerite Duras pour une émission spéciale. Il vient de publier son best-seller L’amantpour lequel elle a remporté le prix Goncourt, elle a parlé de son écriture et a évoqué son métier d’écrivain. “Je ne sais pas ce qu’est l’écriture”, a-t-elle déclaré. “Tu ne sais toujours pas ?“, a déclaré Bernard Pivot, complètement décontenancé par la distance presque désinvolte de Marguerite Duras. “Le style, Je m’en fiche.“
Bernard Pivot reçoit l’écrivain russe Vladimir Nabokov, auteur de Lolita, qui a accepté, exceptionnellement, de lui accorder un entretien. Dans un document qui revient sur les grands moments de son émission Apostrophes, Pivot dit avoir rencontré l’auteur à Montreux, en Suisse, où il a accepté de faire l’émission à condition que le journaliste lui envoie les questions. En faisant fi de ses principes journalistiques, Bernard Pivot accepte les conditions du romancier. Ce qu’il n’a jamais regretté. L’échange télévisé, dont les questions et réponses sont connues à l’avance du présentateur et de l’invité, reste inédit. D’autant qu’elle permet de détruire un archétype littéraire, qui prévaut depuis deux décennies.
Dans la séquence, Pivot demande au romancier s’il n’est pas “agacé” par la réussite de son travail et par le fait qu’on risque de penser qu’il est “le père d’une seule petite fille un peu perverse”. En plus de ne pas être contrarié par ce succès, Vladimir Nabokov a ainsi l’occasion d’apporter une précision de taille. “C’est l’imagination du triste satyre qui fait de cette petite écolière américaine une créature magique aussi banale et normale dans son genre que le poète raté Humbert l’est dans le sien. Hormis le regard maniaque de M. Humbert, il n’y a pas pas de nymphette, Lolita la nymphette n’existe que par la hantise qui détruit Humbert. Et voilà un aspect essentiel d’un livre singulier déformé par une popularité artificielle.
« La littérature ne peut pas servir d’alibi »a étranglé, en mars 1990, l’écrivaine canadienne Denise Bombardier sur le tournage deApostrophes. De tous les invités, elle fut la seule à s’indigner et à affronter de front Gabriel Matzneff, qui se gargarisait. “l’amour d’adolescent”. La complicité entre l’animateur Bernard Pivot et l’écrivain Gabriel Matzneff ne passerait pas aujourd’hui et reste un violent passage télévisuel, trente-quatre ans après la diffusion. L’auteure fut par la suite très affectée par le soutien que l’intelligentsia parisienne apporta à Gabriel Matzneff et par la campagne de dénigrement dont elle fut victime.
Le 15 mars 1992, un jeune homme apparaît en direct dans l’émission Bouillon de culture, l’autre grande émission animée vendredi soir par Bernard Pivot après Apostrophes. Sortant un couteau et menaçant de lui trancher la gorge, il déclare : «Je suis venu parler du problème des étudiants.» Tandis que Bernard Pivot garde son sang-froid, le jeune homme explique vouloir dénoncer un projet de Lionel Jospin, alors ministre de l’Éducation nationale. S’ensuit un échange surréaliste entre l’hôte et l’intrus, ce dernier parlant correctement – malgré sa nervosité. Montrant son respect pour Bernard Pivot, se dit-il « désolé pour cette intrusion » et les réclamations « le droit du citoyen de s’exprimer librement ». L’hôte ne se laisse pas intimider et parvient, avec autorité, à persuader l’intrus de se retirer…
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