l’enquête française confiée aux juges d’instruction

JUSTICE – Il est l’un des onze journalistes morts en Ukraine depuis le début de la guerre. Plus de deux ans après la mort du journaliste franco-irlandais Pierre Zakrzewski, l’enquête avance. Elle a été confiée aux juges d’instruction du tribunal de Paris, a appris l’AFP ce mercredi 17 avril.

Le 14 mars 2022, celui qui couvrait pour Fox News les premiers jours de l’invasion russe en Ukraine avec Oleksandra Kuvshynova, une Ukrainienne qui l’accompagnait, a été tué après des coups de feu sur leur véhicule. Ils étaient situés au nord-ouest de Kiev, dans la ville de Horenka.

Mais depuis le 5 avril 2024, une information judiciaire pour crimes de guerre contre X a été ouverte et donc confiée aux juges d’instruction français. Une démarche logique qui fait suite aux premières investigations menées en mars 2022 par le Parquet national antiterroriste (Pnat) pour un éventuel crime de guerre ayant entraîné la mort du caméraman de 55 ans de nationalité française.

Le Pnat avait alors évoqué une enquête ouverte sur « atteinte volontaire à la vie d’une personne protégée par le droit international » Et « attaque délibérée contre un civil qui ne participe pas directement aux hostilités ». Une source proche du dossier a indiqué à l’AFP que le journaliste aurait pu être directement visé par les tirs mortels.

Mais avec l’ouverture de cette information judiciaire pour crimes de guerre en Ukraine, les investigations vont pouvoir se pencher plus sérieusement sur l’identification des auteurs de la fusillade et les circonstances de l’attaque. C’est ce que devra déterminer l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCH), chargé des enquêtes.

Trois journalistes français tués en deux ans

Mais l’enquête sur la mort du journaliste de Fox News n’est pas la seule ouverte par le Pnat depuis le 24 février 2022. Depuis cette date, pas moins d’une dizaine de dossiers de crimes de guerre ont été ouverts concernant des victimes françaises. A ce stade, celle concernant Pierre Zakrzewski est cependant la seule à avoir été confiée à des juges d’instruction.

Deux autres reporters français ont également perdu la vie alors qu’ils couvraient la guerre en Ukraine, le journaliste de BFMTV Frédéric Leclerc-Imhoff et le coordinateur vidéo de l’AFP en Ukraine, Arman Soldin. Et selon une estimation de Reporters sans frontières, au moins onze journalistes sont morts en couvrant le conflit entre la Russie et l’Ukraine.

A l’annonce de cette importante avancée judiciaire, les avocats de la famille du journaliste se sont félicités de la nouvelle, saluant notamment “une coopération judiciaire (qui) a extrêmement bien fonctionné dans le cadre de l’enquête préliminaire”.

« Lorsque la coopération judiciaire internationale sur le terrain est efficace, la capacité de la justice française à agir rapidement en tenant compte du contexte de guerre permet de lutter efficacement contre l’impunité », a également souligné Me Emmanuel Daoud, avocat de Reporters sans frontières. Il faut dire que le Pnat a une compétence universelle en matière de crimes de guerre et peut ainsi lancer des enquêtes sur des faits commis hors du territoire français si une victime est française.

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