Les étudiants ne voient pas la vie en rose lorsqu’on les interroge sur le monde du travail. Ils se projettent dans un environnement difficile, stressant et compétitif, mais sans pour autant le rejeter.
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Des sentiments ambivalents avant le grand saut dans l’inconnu. C’est ce qui ressort d’une étude de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) qui a interrogé 600 étudiants de troisième année post-bac en début d’année.
Ces jeunes, qui ont parfois côtoyé le monde du travail par le biais de stages ou d’alternances, ont une vision plutôt austère et anxiogène de ce qui les attend. Une majorité d’entre eux décrivent le monde professionnel comme « impitoyable, injuste, procédural et stressant », mais aussi comme « compétitif, sérieux ou exigeant ». Bref, un monde sans grande liberté, peu fun où les individus disparaissent derrière des hiérarchies, des règles et des processus.
Lorsqu’ils envisagent leur premier emploi, les étudiants craignent d’être mal payés, alors que la majorité souhaite travailler pour être financièrement indépendante. Ils expriment également leur appréhension d’être soumis à trop de pression, à trop de travail et à un mauvais équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Une appréhension qui n’étonne pas Isabelle Olry, professeure de psychologie des carrières à la Faculté de Nanterre : « Depuis plusieurs années, les jeunes expriment le besoin de préserver leur espace de vie, ils ont envie de s’épanouir. Cela les préoccupe peut-être plus que la génération précédente, même si ce besoin est largement exprimé aujourd’hui par de nombreux actifs, quel que soit leur âge. »
Dans certains cas, ces étudiants bac+3 ont également pu observer leurs parents travailler à domicile pendant la période Covid. « Peut-être s’agissait-il d’un moment de confrontation assez directe avec la réalité du travail ? » se demande la chercheuse.
Malgré ces craintes, plus de 6 étudiants sur 10 perçoivent le monde professionnel comme un univers stimulant, innovant et coopératif. Particulièrement parmi ceux qui ont déjà eu des expériences, notamment via des contrats en alternance. L’étude souligne également que la moitié des jeunes interrogés avouent en avoir une vision partielle, voire biaisée. 4 sur 10 déclarent avoir peu de connaissances sur le monde de l’entreprise, malgré les stages qu’ils ont effectués durant leurs études.
« Les jeunes devraient être mieux informés avant ce grand saut vers l’inconnusouligne Isabelle Olry. Pour les protéger des excès qu’ils pourraient rencontrer, et aussi pour leur permettre de développer des représentations plus nuancées ou plus précises de la réalité du travail.”