Les 10 % les plus riches de l’UE émettent autant de CO2 que la moitié la plus pauvre

Le nouveau rapport d’Oxfam, L’égalité climatique : une planète pour les 99 pour cent, montre qu’une personne appartenant au 1 pour cent le plus riche produit en moyenne 14 fois plus d’émissions que les 50 pour cent les plus pauvres d’Europe.

De plus, leurs émissions de carbone en 2019 sont suffisantes pour causer 1,3 million de décès liés à la chaleur et devraient être 22 fois supérieures au niveau compatible avec l’objectif de 1,5 °C de l’Accord de Paris en 2030.

En comparaison, on estime que les émissions de la moitié la plus pauvre de la population mondiale resteront à un cinquième du niveau compatible avec 1,5 °C.

Ces chiffres arrivent juste avant le sommet des Nations Unies sur le climat à Dubaï (30 novembre-12 décembre), où les dirigeants du monde se rendront par avion pour discuter de la manière de limiter et de se préparer au futur changement climatique.

« Les plus riches d’Europe sont également les plus grands pollueurs d’Europe. Leurs modes de vie de plus en plus luxueux et leur opulence croissante font des ravages sur notre planète », a déclaré Chiara Putaturo, experte fiscale chez Oxfam.

Pendant ce temps, ce sont les plus pauvres qui souffrent le plus. Plus de neuf décès sur dix causés par des catastrophes climatiques et météorologiques au cours des 50 dernières années se sont produits dans des pays à faible revenu, souligne l’ONU.

« Avec les politiques que nous avons actuellement en place, nous nous dirigeons vers un réchauffement climatique de 3,2 degrés d’ici la fin du siècle. Cela entraînera un désastre », a commenté la militante pour le climat Greta Thunberg à propos du rapport.

Une autre étude a calculé que le nombre de victimes des inondations est sept fois plus élevé dans les pays les plus inégalitaires que dans les pays les plus égalitaires.

Les inégalités et le changement climatique ne sont pas deux crises distinctes, souligne le rapport d’Oxfam.

Il existe déjà des preuves que les inégalités économiques entre les pays sont 25 % plus élevées qu’elles ne le seraient dans un monde sans réchauffement climatique.

De plus, les entreprises de combustibles fossiles restent au cœur de la crise climatique, des recherches montrant que 70 % des émissions industrielles de carbone depuis 1998 proviennent de seulement 100 entreprises pétrolières, charbonnières et gazières.

Dans le contexte actuel, il ne sera pas possible de sauver la planète sans une transition massive vers une économie plus verte – et sans d’énormes investissements, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’UE.

« Nous avons besoin d’un impôt européen sur la fortune. Des milliards d’euros sont en jeu à investir dans la lutte contre la pauvreté, les inégalités et la crise climatique », a déclaré Putaturo.

Oxfam a calculé qu’un impôt annuel sur la fortune pouvant atteindre 5 % pour les milliardaires européens pourrait rapporter près de 250 milliards d’euros par an.

Une initiative citoyenne européenne rassemble actuellement un million de signatures pour appeler l’UE à introduire un impôt sur la fortune des plus riches afin de financer une transition verte et sociale.

Mais même s’ils obtiennent ce soutien, rien ne garantit que la Commission européenne répondra par une proposition législative.