Les Arènes de Vérone célèbrent l’entrée du chant lyrique italien au patrimoine immatériel de l’UNESCO

Joyau architectural de l’Empire romain, temple historique de l’opéra italien, les Arènes de Vérone accueilleront un concert prestigieux le vendredi 7 juin 2024 sous la direction de Riccardo Muti.

France Télévisions – Culture Edito

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Le centre historique de Vérone et son site spectaculaire dédié au spectacle vivant, les Arènes.  (GIANFRANCO FAINELLO/AP/SIPA)

Sur scène, des stars internationales du monde de l’opéra comme le ténor allemand Jonas Kaufmann, la soprano russe Anna Netrebko, le baryton français Ludovic Tézier, la soprano italienne Eleonora Buratto, ses compatriotes Luca Salsi et Francesco Meli, interpréteront de grands airs d’opéra italien. Plus de 10 000 mélomanes sont attendus à cette grande fête de la musique classique au nord de la péninsule, dans le plus grand théâtre en plein air du monde.

Sous la direction du maestro Riccardo Muti, quelque 160 musiciens d’orchestre et plus de 300 choristes issus de prestigieuses scènes italiennes, dont La Scala de Milan et La Fenice de Venise, ouvrent le bal sur des airs des plus grands compositeurs italiens du XIXe siècle. A l’affiche de la deuxième partie de soirée, des airs de Madame Butterfly, La Bohème Et Tosca de Giacomo Puccini, dont l’œuvre est célébrée à l’occasion du centenaire de sa mort, mais aussi La Traviata et de Rigoletto de Giuseppe Verdi, ou encore de Norma de Vincenzo Bellini…

Le Bel Canto italien a été inscrit au patrimoine culturel de l’UNESCO en décembre 2023, une décision saluée par Rome comme une reconnaissance d’une marque de« Excellence » planétaire. Il fait l’unanimité parmi les chanteurs d’opéra du monde entier. « L’opéra italien, historiquement, est le plus ancien de tous, l’opéra est une invention italienne qui s’est répandue dans le monde entier », explique Ludovic Tézier à l’AFP.

Après diverses expériences de théâtre musical au XVIe siècle, l’opéra naît vers 1600 à Florence, où est fondée une académie promouvant une association innovante de texte chanté et de musique. Le premier grand compositeur fut Claudio Monteverdi (1567-1643), dont le légendaire Orphéo, jouée au théâtre de la cour de Mantoue en 1607, est considérée par les musicologues comme l’œuvre fondatrice de l’opéra moderne.

« Il y a un vrai plaisir vocal dans le chant italien car la langue italienne elle-même est extrêmement musicale et sonore », souligne Ludovic Tézier. Pour lui, les Arènes de Vérone offrent le cadre idéal pour célébrer le chant italien. « Il y a quelque chose de chaleureux, propice à l’opéra, on vit des moments vraiment magiques », il assure. « Quand tu entres dans l’arène, avec ce public immense devant toi, tu as un sentiment d’humilité, tu as l’impression d’être tout petit, mais en même temps tu te sens comme un gladiateur qui va au combat parce qu’il y a un l’énergie exceptionnelle qui se dégage de ce lieu. »

La soirée du 7 juin, retransmise en direct par la télévision RAI, donne le coup d’envoi de la 101e édition du Festival d’opéra des arènes de Vérone, qui se poursuivra jusqu’au 7 septembre et devrait accueillir au total plus de 500 000 spectateurs. Le festival a été créé le 10 août 1913 par le ténor véronais Giovanni Zenatello qui s’y produisait Aïda par Verdi et découvre les qualités acoustiques miraculeuses de l’amphithéâtre de pierre.

Le 2 août 1947, Maria Callas, alors inconnue et débutante, joue le rôle-titre de La Joconde d’Almicare Ponchielli, sous la direction du légendaire chef d’orchestre Tullio Serafin qui, ébloui par ses capacités vocales, a lancé sa carrière. Une star est née à Vérone. Callas, la plus grande icône lyrique du XXe siècle, revient chanter dans les Arènes en 1948, 1952, 53 et 54. Les Arènes ont été construites au premier siècle après JC pour accueillir des combats de gladiateurs, des spectacles de bêtes sauvages ou encore des batailles navales, bien avant de se transformer en opéra en plein air.