La proposition d’Emmanuel Macron d’envisager la mise en place d’un « devoir de visite » pour les pères de famille monoparentale a suscité des interrogations au sein de certaines associations et chez certains élus. La présidente de la fédération syndicale des familles monoparentales Josette Elombo, invitée de BFMTV ce mercredi 8 mai, a notamment émis quelques réserves sur cette idée.
« Je n’aime pas la contrainte. Tout ce qui est relationnel ne peut être contraint », a-t-elle d’abord déclaré sur notre plateau. “Donc je ne sais pas comment on peut utiliser le mot devoir. Comment vouloir contraindre un parent défaillant alors qu’on n’arrive déjà pas à obtenir le paiement de la pension alimentaire pour enfants ? Un problème qui n’est déjà pas résolu”, selon elle.
Un peu plus tôt, Emmanuel Macron avait déclaré dans un entretien vidéo au magazine Elle vouloir réfléchir à l’idée de remplacer le “droit de visite” par un “devoir de visite” pour les pères.
“La réflexion à mon avis n’est pas bonne”, a poursuivi Josette Elombo. “Tout ce que vous avez à faire est un problème.”
En effet, la présidente de la fédération syndicale – qui regroupe une quinzaine d’associations – a mis le doigt sur un impératif : le risque d’imposer une obligation de visite aux familles là où se trouvent violence intrafamiliale inconnue.
“La violence n’est pas toujours visible, elle n’est pas toujours connue… et donc forcer une mère et ses enfants à voir le père peut être dangereux”, a-t-elle encore défendu.
Si elle considère que « l’équilibre » de l’enfant dépend de la présence des « deux parents », Josette Elombo reconnaît que les « histoires de vie » sont souvent plus complexes que cela. “Il faut se concentrer sur la raison pour laquelle il n’y a pas les deux parents : s’il y a un consensus des parents, il n’y a pas de gêne (…) mais c’est quand il y a un différend qu’il y a un problème”, a-t-elle encore précisé. .
“Mais on ne peut pas instaurer un devoir de visite dans les cas où les séparations sont conflictuelles, où il y a maltraitance, violences, instrumentalisation de l’enfant, car cela mettrait la famille en danger”, a également souligné Véronique Obé, administratrice de la fédération.
Par ailleurs, la Fédération syndicale des familles monoparentales a souligné la nécessité de réformer la loi pour « permettre au parent qui a la garde exclusive de pouvoir exercer son autorité parentale sans être pénalisé » dans les procédures par l’absence de l’autre parent mais celui aussi de « libérer du temps pour la mère » en s’occupant seule des enfants.
En France, une famille sur quatre est monoparentale (soit deux millions de familles et 3,1 millions d’enfants mineurs) et est dirigée par une femme dans 82% des cas, rappelait un récent rapport sénatorial.
Article original publié sur BFMTV.com
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