« Les conventions citoyennes s’illustrent par un vide procédural persistant »

La clôture de la convention citoyenne sur la fin de vie, le 27 avril, a relancé le débat sur ce qu’il faut attendre de ces innovations démocratiques. La réponse officielle à cette question, devenue une sorte de mantra pour ses promoteurs, est désormais établie : les conventions citoyennes sont utiles parce qu’elles élargissent le débat en incluant les citoyens ordinaires à travers une procédure délibérative de « qualité » et enrichissent de fait le travail des instances politiques. représentants, des ministres aux parlementaires. La démocratie représentative irait donc mieux avec les conventions citoyennes.

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L’unanimité de ce plébiscite est surprenante. La convention citoyenne sur la fin de vie n’a en effet répondu à aucune des critiques formulées lors de la précédente convention citoyenne (pour le climat) concernant l’omniprésence du président de la République ou la faible prise en compte des recommandations citoyennes. . Cette fois, le président s’est bien gardé d’annoncer une transmission « sans filtre » des propositions. Mais aucune réponse claire n’a été fournie sur la manière dont la nouvelle convention influencerait concrètement le processus décisionnel. Le lien entre les choix publics et le travail délibératif de ces conventions, dont chacun salue la qualité, reste flou.

Les conventions, telles qu’elles ont été confiées au Conseil économique, social et environnemental (CESE), s’illustrent donc par un vide procédural persistant. Et il y a de quoi être enthousiasmé. Face aux critiques, de la part des conventionnels eux-mêmes, sur les effets pour le moins discutables des travaux de la convention climat dans l’élaboration du droit, on pourrait objecter que la nouveauté du dispositif expliquait l’absence d’anticipation sur sa portée décisionnelle. Mais, pour la convention sur la fin de la vie, rien n’a été prévu, tenté, ni même envisagé, pour corriger ce qui apparaît comme le problème majeur de la première convention. En fait, c’est avant de connaître l’issue décisionnelle de la nouvelle convention que les organisateurs et les commentateurs s’enthousiasment quant à la perspective d’une future, dont on attend sagement que le président annonce le sujet.

Portée incertaine

Comment expliquer le succès de ces mesures censées incarner le grand renouveau démocratique, mais dont l’impact décisionnel est, au mieux, incertain ?

Nos recherches et l’actualité récente sur la loi de la participation citoyenne soulèvent une explication possible, fondée sur un constat simple : l’autocélébration des conventions citoyennes est concomitante de la mise en cause incessante de la Commission nationale du débat public, tout récemment encore par la loi sur la participation citoyenne. l’industrie verte, au nom de la simplification administrative. D’un côté, la seule institution publique indépendante capable de garantir un droit de participation quelque peu restrictif aux acteurs publics et privés est explicitement attaquée. En revanche, une innovation démocratique dont le lien avec la prise de décision reste conditionnée à la bonne volonté des autorités gouvernementales est présentée comme l’avenir de la démocratie.

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