Après plusieurs années de négociations européennes pour trouver un accord, le Parlement européen a approuvé, mercredi 24 avril, une législation qui renforce les droits des travailleurs des plateformes numériques comme Uber ou Deliveroo. La loi a été validée à une très large majorité (554 voix pour, 56 contre, 24 abstentions).
Le texte prévoit de requalifier en salariés de nombreuses personnes travaillant actuellement sous le statut d’indépendant comme chauffeurs de véhicules ou livreurs. Mais les modalités de ces requalifications restent vagues et dépendantes des réglementations nationales alors même que le texte était censé établir un cadre européen harmonisé garantissant la sécurité juridique.
Un accord politique entre négociateurs des États membres et du Parlement a été péniblement trouvé début mars, sans la France et l’Allemagne, sur ce texte qui a fait l’objet d’un intense lobbying de la part des entreprises concernées.
La Commission européenne estime que “au moins 5,5 millions”sur un total de près de 30 millions, c’est le nombre de travailleurs des plateformes inscrits à tort comme indépendants et donc injustement privés des avantages sociaux de l’emploi.
Dans un premier temps, le texte proposé fin 2021 par la Commission créait une présomption d’emploi sur la base de critères objectifs unifiés au niveau de l’Union européenne (UE) : le fait qu’une plateforme fixe les niveaux de rémunération, encadre les services à distance, ne ne permet pas à ses salariés de choisir leurs horaires ni de refuser des missions, impose le port de l’uniforme, ou encore interdit de travailler pour d’autres entreprises… Mais le compromis finalement adopté renonce à cette liste, laissant une grande autonomie aux Etats membres.
UN « présomption légale » du travail devra être introduite dans chacun des vingt-sept systèmes juridiques des pays membres. Elle sera déclenchée lorsque les faits démontreront une ” contrôle “ travailleurs par l’entreprise. Mais ces faits seront établis « conformément au droit national et aux conventions collectives nationales, compte tenu de la jurisprudence de l’UE ».
Le texte permettra toujours aux travailleurs des plateformes de contester leur statut en invoquant cette « présomption légale » et la charge de la preuve incombera aux employeurs. La législation doit encore être soumise à une validation formelle par le Conseil de l’UE, qui rassemble les 27 États membres.
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