Qui a pris les rênes de la planification écologique à Matignon ? Michel Barnier, l’ancien ministre de l’environnement, chef d’orchestre d’une loi majeure au milieu des années 1990 ? Michel Barnier, le candidat à la primaire de la droite qui a dénoncé l’éolien en 2021 ? Ou un autre Michel Barnier, le nouveau Premier ministre mis sous pression par la France. “la situation (…) très sérieux » des finances publiques, soutenues par une minorité déjà agitée et surveillées par une extrême droite climato-sceptique ?
Pour tenter de se rassurer, les militants écologistes se sont d’abord accrochés au passé du chef du gouvernement et à ses trois mots sur « dette écologique » lors de la passation des pouvoirs à Matignon, jeudi 5 septembre.
Depuis, son silence sur cette contestation et le bourbier politique n’ont fait qu’alimenter leurs doutes. « Nous jugerons sur les faits, car nous avons connu de nombreux hommes politiques qui utilisent des termes forts mais ne font rien ensuite.explique Morgane Créach, directrice générale du Réseau Action Climat. Oui, il a été ministre de l’Environnement, mais depuis des années, il a des positions critiques sur la transition. On verra s’il revient sur les coupes dans les crédits, son budget devra être vu comme un acte politique.
Pendant longtemps, Michel Barnier a été le représentant d’une espèce très rare à droite. « Ils se battaient tous pour l’intérieur, la défense ou Bercy. Lui voulait aller au milieu. Ça définit bien le personnage, quand même. »résume Antoine Vermorel-Marques, député (Les Républicains, LR) de la Loire, qui l’a rencontré en 2013 lorsque le commissaire européen avait chargé le jeune étudiant de Sciences Po de mettre de l’ordre dans ses archives. Selon ses proches qui le répètent à l’envi, ce tropisme « vert » du nouveau chef du gouvernement remonte à son enfance iséroise passée au pied des massifs alpins. Chargé d’une mission à 22 ans auprès de Robert Poujade, premier ministre de l’environnement en France entre 1971 et 1974, cette singularité marquera en tout cas le début de sa longue carrière de professionnel de la politique.
Après avoir rédigé un rapport parlementaire en tant que député de Savoie, il en a tiré un livre Chacun pour tous. Le défi écologique (Stock, 1990). Un certain nombre de passages ne seraient pas niés, encore aujourd’hui, par les militants de l’écologie politique. Il évoque « les limites qui existent dans la capacité de la Terre à nous soutenir » ; il déplore le déclin de la biodiversité, « le dommage biologique le plus important de notre époque car totalement irréversible » ; il les critique « des démarches guidées avant tout par le profit économique ». « L’abondance énergétique résultant d’un parc nucléaire largement surdimensionné et la baisse relative du prix des matières premières » avoir « a conduit à la promotion effrénée du « tout électrique » », Michel Barnier, un militant de la décroissance caché au sein de la droite gaulliste ? « La croissance peut être harmonisée avec l’environnement »précise-t-il, prônant des mesures fortes pour protéger la nature.
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