Les drones ont changé la guerre : la Silicon Valley développe un « dôme de fer portable » pour les éliminer

Si certains font des parallèles entre les rivalités Est-Ouest qui divisent actuellement le monde et les guerres mondiales du XXe siècle, il existe néanmoins une différence entre ces conflits contemporains, et elle est significative : les drones. Si les drones militaires étaient déjà présents au XXe siècle, ils connaissent aujourd’hui leurs heures de gloire, largement liées à la guerre d’usure entre l’Ukraine et la Russie aux frontières de l’Europe.

Un combat de David contre Goliath, dont Vladimir Poutine affirmait connaître l’issue, mais qui dure désormais depuis deux ans. Longtemps sevrée des armes américaines, Kiev a subi les frappes d’artillerie ennemies sans pouvoir leur rendre la pareille, et recourt au système D pour tenir ses positions : si les Ukrainiens n’ont pas d’obus, ils ont des drones, à profusion. Des gros Reapers américains aux machines artisanales fabriquées au pays, en passant par la RAM X, le pays a mis toutes ses forces dans la production. Le Scythe, le Féroce, le Ratel X… La guerre datait d’à peine deux mois lorsque les drones turcs Bayraktar attaquèrent les colonnes russes, rappelle Le Grand Continent. Aujourd’hui, FPV et Baba Yaga parcourent les positions ennemies sous le couvert de la nuit. Le ciel nocturne au-dessus de l’Ukraine « grouille de drones ennemis »» déplorait il y a quelques temps Dmitri Rogozine, l’ancien directeur de l’agence spatiale russe Roscosmos.

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Les principales dates de la guerre en Ukraine

Des milliers de drones dans le ciel ukrainien

L’équation est gagnante : les petits drones télécommandés, les plus répandus en Ukraine, peuvent être trouvés dans le commerce pour seulement quelques centaines de dollars, contre environ 100 000 dollars pour un obus d’artillerie de précision. Les Ukrainiens ont annoncé vouloir en produire 1 million cette année. Un minimum quand on en perd plus de 10 000 par mois sur le terrain, notent Les Echos.

La Russie s’en sort bien : la flotte moscovite de drones kamikaze s’agrandit, note le groupe de réflexion Atlantic Council. Au cours de la première année de la guerre, le Kremlin était très dépendant du Shahed iranien. Depuis, les unités manufacturières se sont multipliées sur le territoire de la Fédération. En 2023, la Russie s’équipera de 22 000 drones supplémentaires, rappelait BFMTV en début d’année. Elle doit en produire 30 000 chaque année d’ici 2030, en confiant 70 % du marché aux entreprises russes.

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En Ukraine, le drone est jetable : les cohortes qui partent à l’attaque reviennent rarement chez elles, au point que Kiev organise un service de récupération et de recyclage de ses machines. Désormais la mort, sans conscience ni humeur, tombe du ciel.

Capteurs sur les fusils anti-drones

Cette aubaine intéresse les entreprises et les investisseurs du monde entier. Selon un rapport de MarketsAndMarkets, le marché mondial des drones militaires devrait passer de 13 milliards de dollars en 2023 à 18,2 milliards de dollars en 2028, avec un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 7,0 %. Et si le marché des drones bondit, celui de la défense anti-aérienne répond avec vigueur. En fait, les nouvelles modalités de guerre sont perçues aussi loin que la Silicon Valley technologique, détaille Wired.

Une société appelée ZeroMark, spécialisée dans la défense, veut transformer les fusils des soldats en première ligne face aux drones en « dômes de fer portables ». Rien à voir avec le « dôme de fer » qui protégeait Israël des missiles et drones iraniens en avril dernier. L’idée est simple : placer une aide à la visée sur les fusils existants sur des canons militaires, ce qui aiderait les soldats à placer une balle au bon endroit. Le système fonctionne en plaçant un capteur sur le rail de montage situé à l’avant du fusil.
Chez Wired, le PDG de ZeroMark, Joel Anderson, déclare :« Il est très difficile pour une personne de calculer des choses comme la chute de la balle, la trajectoire et la direction du vent », même pour un tireur d’élite expérimenté, « mais pour un ordinateur, c’est assez simple », conclut-il. Un fonds américain a déjà investi dans le projet.

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Méfiance cependant, répond Arthur Holland Michel, expert en contre-drones interrogé par les médias américains. « Il y a beaucoup de points d’interrogation autour d’une technologie comme celle-ci… la seule mesure véritablement fiable pour savoir si un système anti-drone fonctionne est de savoir s’il est largement utilisé sur le terrain – si les armées n’en achètent pas seulement trois, elles en achètent des milliers ». « .explique l’expert.

« Tant que le Pentagone n’en aura pas acheté 10 000, 5 000 ou même 1 000, il sera difficile de le dire, et un peu de scepticisme est tout à fait justifié. »

Les pays cherchent des moyens d’abattre les drones depuis aussi longtemps que les drones existent. La technologie militaire évolue si rapidement que les anti-drones pourraient se retrouver perpétuellement à la traîne.