La maîtrise des loyers profite-t-elle vraiment aux ménages ? A-t-il, comme le prédisaient ses détracteurs, restreint l’offre de logements locatifs sur des marchés où il ne répondait déjà pas à la demande ? Un rapport d’évaluation du ministère du Logement était attendu fin 2023. Il ne devrait finalement pas être dévoilé avant… 2026.
Sur la base de données officielles et de statistiques fournies par différents acteurs privés, Le monde Elle dresse cependant un état des lieux de la situation dans cinq grandes villes qui plafonnent déjà les loyers : Paris, Lille, Lyon, Bordeaux et Montpellier.
Premier constat : la mise en œuvre du dispositif coïncide, peu à peu, avec un ralentissement de la hausse du loyer médian au mètre carré dans trois villes. A Paris, où le dispositif a été appliqué en 2015, puis suspendu en 2017, « on a vu les loyers augmenter très vite quand la première phase du plafonnement a été annulée », se souvient Manuel Domergue, le directeur des études à la Fondation Abbé Pierre. Dès sa remise en place en 2019, « ils ont recommencé à stagner ou à décliner »il ajoute.
Même ralentissement de l’inflation des loyers à Lille, où le dispositif, également abrogé en 2017, est de nouveau appliqué depuis 2020, ainsi qu’à Lyon, qui a adopté le cadre en 2021.
Pour les autres villes, il est difficile de juger : Bordeaux n’a mis en place le dispositif qu’à l’été 2022, et les données pour 2023 de l’observatoire local des loyers ne sont pas encore disponibles. À Montpellier, les prix étaient déjà stables depuis 2020, soit deux ans avant la mise en place de l’encadrement.
Faible inflation et « bouclier de loyer »
Là où on l’observe, le ralentissement de la hausse est sans doute dû autant à l’encadrement et aux légères évolutions de l’indice de référence des loyers (IRL). « Les accélérations et baisses du niveau des loyers dans les zones tendues sont souvent fortement liées à l’IRL »souligne Clément Pavard, chef de projet études et observation à l’Agence nationale d’information sur le logement (ANIL).
Calculée chaque trimestre par l’Insee à partir de l’inflation, l’évolution de cet indice constitue le niveau maximum d’augmentation annuelle du loyer qu’un propriétaire peut pratiquer. En 2020 et 2021, il est souvent resté inférieur à 1 % et a même parfois frôlé 0 %, en raison de la faiblesse de l’inflation. Puis, depuis mi-2022, la variation maximale des loyers est gelée à 3,50 % par le « bouclier des loyers », un taux inférieur à celui de la hausse des prix à la consommation.
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La maîtrise des loyers profite-t-elle vraiment aux ménages ? A-t-il, comme le prédisaient ses détracteurs, restreint l’offre de logements locatifs sur des marchés où il ne répondait déjà pas à la demande ? Un rapport d’évaluation du ministère du Logement était attendu fin 2023. Il ne devrait finalement pas être dévoilé avant… 2026.
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Même ralentissement de l’inflation des loyers à Lille, où le dispositif, également abrogé en 2017, est de nouveau appliqué depuis 2020, ainsi qu’à Lyon, qui a adopté le cadre en 2021.
Pour les autres villes, il est difficile de juger : Bordeaux n’a mis en place le dispositif qu’à l’été 2022, et les données pour 2023 de l’observatoire local des loyers ne sont pas encore disponibles. À Montpellier, les prix étaient déjà stables depuis 2020, soit deux ans avant la mise en place de l’encadrement.
Faible inflation et « bouclier de loyer »
Là où on l’observe, le ralentissement de la hausse est sans doute dû autant à l’encadrement et aux légères évolutions de l’indice de référence des loyers (IRL). « Les accélérations et baisses du niveau des loyers dans les zones tendues sont souvent fortement liées à l’IRL »souligne Clément Pavard, chef de projet études et observation à l’Agence nationale d’information sur le logement (ANIL).
Calculée chaque trimestre par l’Insee à partir de l’inflation, l’évolution de cet indice constitue le niveau maximum d’augmentation annuelle du loyer qu’un propriétaire peut pratiquer. En 2020 et 2021, il est souvent resté inférieur à 1 % et a même parfois frôlé 0 %, en raison de la faiblesse de l’inflation. Puis, depuis mi-2022, la variation maximale des loyers est gelée à 3,50 % par le « bouclier des loyers », un taux inférieur à celui de la hausse des prix à la consommation.
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