La durée de vie moyenne d’un ministre de l’Éducation au Québec est de deux ans et demi.
En lisant le rapport du vérificateur général, on comprend pourquoi.
L’écrasante majorité des enseignants suppléants ne sont pas qualifiés pour enseigner, car il n’y a pas de plan global pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre. Et la formation continue ? Oubliez ça, on ne peut pas libérer les professeurs faute de remplaçants !
Si un PDG dirigeait son entreprise comme le ministère de l’Éducation, il ferait faillite ou serait licencié.
Au ministère de l’Éducation, comme au royaume des aveugles, les borgnes sont rois !
Bernard contre Goliath
Face à une telle situation, les réformes du ministre Bernard Drainville peuvent-elles suffire ?
Certes, il va serrer la vis aux Centres de Services Scolaires, mettre en place un plan pour avoir des données fiables et espérer que son Institut National d’Excellence en Education s’occupera enfin de la qualité de l’enseignement et de la formation.
Sa voie rapide vers le brevet semble la seule solution à court terme pour la qualification rapide de milliers de professeurs.
Et que dire des aides de classe qui sont très attendues.
Les solutions terre-à-terre sont les bienvenues dans un monde normal. Mais le système d’éducation au Québec est plus digne des rebondissements du Vatican.
Il y a les papes de l’inertie, les cardinaux de la pédagogie, les évêques de l’inclusion, les prêtres de la réussite et les sacristains des conventions collectives.
Imaginez, pour tirer ses conclusions sur la pénurie d’enseignants, la vérificatrice générale elle-même devait recueillir des données qui existaient déjà au ministère. Quoi? Les fonctionnaires ne s’étaient jamais posé la question ?
Triste vérité, la « machine » est pire que celle de la Santé. On rêve de voir l’organigramme de l’Education. Gageons que ce n’est pas un mammouth mais un mastodonte !
Le bon diagnostic
Et si Bernard Drainville, réalité politique oblige, tentait de soigner le symptôme plutôt que le mal ?
Lorsque les annexes aux conventions collectives sont presque plus longues que la convention principale.
Quand les directives ministérielles deviennent des pansements sur une plaie ouverte.
Quand une classe entière doit régulièrement fuir à la bibliothèque à cause d’un enfant en crise.
Quand de jeunes enseignants sont laissés pour compte dans un système dysfonctionnel.
Lorsque les élèves des écoles privées ont deux fois plus de chances d’accéder aux études collégiales que ceux des écoles publiques.
Quand presque tout le monde, en privé bien sûr, s’accorde à dire que notre système a trahi les idéaux de la réforme Parent.
Quand ça n’aura plus de sens, est-ce que 8 priorités et un minimum d’imputabilité pour les commissions scolaires suffiront vraiment ?
Bernard Drainville l’espère. Il n’a pas le choix.
Cependant, même la vérificatrice générale semble en douter. Surtout quand elle déplore l’absence d’un plan qui mobilise tout le réseau de l’éducation.
On comprend que le ministre soit allergique à l’idée d’une grande messe collective comme les États généraux sur l’éducation.
Mais il devra trouver comment mettre fin aux guerres de chapelle qui retiennent nos enfants et leur futur otage.
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