Emiliano Pagani et Vincenzo Bizzarri créent un roman graphique d’une rare sensibilité et d’une intelligence subtile sur le monde du travail en Italie. « Les ennemis du peuple » capture les tensions d’une société en mutation. Brillant.
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Tout le monde n’a pas la chance d’avoir un père communiste. Fabio, de son côté, est tiraillé par sa loyauté envers Hannibal, son père syndicaliste, et par son amour pour Chiara, partie vivre chez un carabinier. Nous sommes quelque part en Italie, une usine va fermer. Encore un déménagement. Les salariés se battent, sont en grève et ne baissent pas les bras même s’ils doutent de l’issue de leur combat.
Que faire face à une multinationale soutenue par des politiques ? Hannibal résiste, refuse de voir son monde s’effondrer. Qui se soucie des travailleurs maintenant ? L’espoir semble avoir déserté le camp ouvrier.
Emiliano Pagani dresse un tableau d’une précision impressionnante d’une société en pleine mutation. Un monde est en train de mourir, un autre tarde à venir. Durant cette période, les relations deviennent conflictuelles et les tensions n’ont besoin que d’un prétexte pour se transformer en violence.
Dans cette Italie où l’extrême droite n’est pas encore au pouvoir, chacun cherche sa place et se retrouve confronté à ses idéaux. Le monde du travail est pris entre des logiques économiques et politiques différentes.
“Avant, nos parents étaient fiers d’être ouvriers, de travailler à l’usine. Lorsqu’ils se promenaient en ville le samedi, tout le monde les regardait avec respect. Nous les respections parce qu’ils étaient unis, forts et “Ils avaient le regard fier de ceux qui travaillent pour faire progresser la communauté.
Emiliano Pagani, lui-même ancien ouvrier, porte un regard tendre sur une classe sociale qui ne croit plus au rêve collectif, à l’union et à la solidarité. Une société qui a oublié de défendre ses propres intérêts. Hannibal est cet homme qui refuse de céder à la haine, à la xénophobie, alors qu’il devient plus facile de rejeter la faute sur le migrant que sur l’actionnaire qui ferme l’usine au nom de la rentabilité.
Que sont devenus nos rêves ? Les ennemis du peuple (Glénat) est un brillant roman graphique tant sur le plan esthétique, grâce aux répliques et découvertes de Vincenzo Bizzarri notamment dans les premières pages, que sur le plan scénaristique. C’est un miroir tendu à toutes les sociétés contemporaines, un album à remettre entre toutes les mains. Les ennemis du peuple, un roman graphique intelligent et sensible.
« Les ennemis du peuple », Emiliano Pagani et Vincenzo Bizzarri, traduction d’Hélène Dauniol-Remaud, Glénat, 22,50 euros
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