« Les entreprises ont tout intérêt à s’inspirer de la vie »

Paul Boulanger, spécialiste du biomimétisme et fondateur du cabinet de conseil Pikaia, invite les employeurs à s’inspirer de la vie, un monde aussi incertain et complexe que celui des affaires, un monde en constante adaptation.

Pourquoi, à vos yeux, peut-on établir un lien entre le monde du vivant et les stratégies des entreprises ?

C’est tout l’intérêt du biomimétisme. Cette méthode consiste à s’inspirer du vivant pour trouver des solutions aux problématiques – techniques ou stratégiques – rencontrées par l’humain. Aborder le vivant est un levier qui peut permettre aux dirigeants de relever deux défis auxquels ils seront de plus en plus confrontés.

Le premier est de mieux comprendre les impacts de leurs activités sur la biosphère, ainsi que leurs interdépendances. Cela me semble essentiel à l’heure du changement climatique, pour agir de manière responsable. Deuxième défi : les entreprises évoluent dans un environnement de plus en plus complexe et incertain, ce qui rend les décisions difficiles. Face à cela, pourquoi ne pas s’inspirer des modes de fonctionnement que les systèmes complexes – le vivant – ont inventés au cours des 3,8 milliards d’années ?

Face à ce monde incertain, vous appelez à l’application de certaines « principes de base »notamment dans notre rapport à l’énergie…

Pour être déployée, une stratégie de biomimétisme doit intégrer une démarche de développement durable. Il s’agit d’un élément essentiel qui nécessite notamment un bilan minutieux de nos dépenses énergétiques. Les êtres vivants savent que cette énergie est à la fois rare et essentielle. Lorsque cela est possible, elle peut mettre en œuvre des innovations pour économiser de l’argent. L’entreprise doit également appliquer le principe de pondération et faire des compromis entre les besoins énergétiques actuels, la disponibilité, les moyens de stockage, la capacité d’action, etc. Elle doit éviter le gaspillage, notamment d’énergie humaine. Cela entre en jeu notamment lorsque les intérêts des salariés ne sont pas alignés avec ceux de l’entreprise ou lorsqu’une vision à court terme domine au sein des organisations.

Vous abordez également la question de l’apprentissage. Que peut nous apprendre le monde vivant à ce sujet ?

C’est un sujet particulièrement bien documenté par les sciences humaines et sociales. Ceci étant dit, je pense que le biomimétisme peut aussi nous être utile. Il existe des modes d’apprentissage intéressants dans le monde animal ou végétal qui pourraient être développés chez l’humain.

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