les entreprises sont-elles prêtes à négocier ?

Cinq millions de salariés en France viennent en aide à un proche malade ou handicapé. Les entreprises sont-elles prêtes à promouvoir leur équilibre entre vie professionnelle et vie privée ?

Près de 5 millions de salariés viennent régulièrement en aide à un proche malade, handicapé ou en perte d’autonomie. D’ici 2030, ce chiffre augmentera encore en raison du vieillissement de la société. Détails de Sarah Lemoine.

franceinfo : Comment les organisations syndicales et patronales abordent-elles le sujet ?

Sarah Lemoine : Le sujet reste épineux selon une étude de l’OCIRP qui sera dévoilée jeudi 3 octobre, un peu avant la 15e Journée nationale des soignants. L’organisme paritaire des institutions de retraite et de prévoyance a interrogé 75 représentants d’organisations patronales et syndicales sur la manière dont les entreprises pourraient mieux soutenir les aidants familiaux.

Parmi les points positifs, ils pensent presque tous que la négociation collective est un outil efficace de protection des salariés aidants, même si dans les faits, très peu d’accords ont été signés ces dernières années. Une vingtaine dans les entreprises, et moins d’une dizaine au niveau des branches professionnelles selon l’OCIRP.

Les partenaires sociaux sont-ils d’accord sur le contenu des négociations ?

Certaines mesures font l’objet d’un large consensus. Celles par exemple qui permettent de mieux repérer les salariés aidants, alors que 30 % d’entre eux connaissent des difficultés professionnelles, et que la moitié d’entre eux cachent leur situation, de peur d’être sanctionnés professionnellement.

Parmi les solutions, la mise en place d’un collaborateur de référence, capable d’orienter et de faciliter les contacts avec la hiérarchie, dans le respect de la confidentialité est jugée efficace. L’étiquetage des entreprises qui identifient et soutiennent leurs employés est également populaire.

Finalement, tout le monde s’accorde pour mieux diffuser la culture de l’entraide, notamment en formant des managers qui, selon l’étude, portent un regard plutôt sévère sur l’aide aux salariés.

Qu’en est-il des modalités de travail et des congés payés ?

Il existe là une divergence entre les organisations patronales et syndicales. Dans le cadre d’un accord collectif, la priorité des patrons est d’aménager l’organisation et les horaires de travail du salarié aidant. Tandis que les représentants syndicaux souhaitent d’abord des jours de congés supplémentaires et des solutions de répit.

Les deux parties conviennent que le télétravail est une solution importante, mais pas suffisante. Par ailleurs, 74 % des représentants patronaux considèrent que la réduction temporaire de la charge de travail, donc un passage au temps partiel, est efficace. Mais à condition de ne pas mettre la main à la poche.

Les entreprises qui maintiennent les salaires à 100 % sont très rares, souligne Jean-Manuel Kupiec de l’Ocirp. C’est pourtant ce qu’ils devraient faire, pour éviter les arrêts maladie ou les situations de présentéisme, qui coûtent finalement bien plus cher.