Les États-Unis créent une « ceinture de batteries », axée sur la transition électrique

Lorsqu’il était plus jeune, Devante Cuthbertson pensait devoir un jour quitter sa ville de Greensboro, dans le sud-est des États-Unis, pour trouver du travail, jusqu’à ce que le constructeur japonais Toyota décide d’investir près de 14 milliards de dollars pour construire une méga-usine. pour les batteries d’automobiles.

A 28 ans, il effectue un apprentissage dans un établissement public d’enseignement technique, comprenant trois jours par semaine de travail pour le constructeur basé en Caroline du Nord, dans le but d’y décrocher un emploi.

Un flot d’investissements afflue aux États-Unis, où le président Joe Biden s’emploie à relancer le tissu industriel et la supply chain dans des secteurs cruciaux : batteries, semi-conducteurs, etc.

En cette année d’élection présidentielle, il courtise également les électeurs ouvriers des États clés, ceux qui peuvent basculer d’un côté à l’autre selon les élections, comme la Caroline du Nord.

Mais Joe Biden veut aussi mettre à mal la domination chinoise dans les technologies de transition énergétique.

C’est ainsi que se développe une « ceinture de batteries », notamment dans le sud-est du pays – Caroline du Nord et Géorgie en première ligne – avec l’implantation d’usines de batteries pour véhicules électriques, et de composants électriques.

– Opportunité –

Mais avec peu de syndicalisme présent dans ces régions, le président démocrate, qui a promis de « bons emplois syndicaux », est sous pression et risque de ne pas récolter les fruits de ce boom industriel.

Les syndicats et les organisations de défense des droits civiques de l’Alabama et de la Géorgie ont tenté en août 2023 d’obtenir la protection des droits des travailleurs auprès de Hyundai.

Le constructeur sud-coréen a investi 7,6 milliards de dollars en Géorgie, notamment pour construire une usine de véhicules électriques.

La perspective de créer des centaines, voire des milliers d’emplois a revitalisé des régions entières, y compris Greensboro et ses environs, qui avaient prospéré grâce aux industries du textile, du tabac et du meuble.

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Pour Devante Cuthbertson, l’arrivée de Toyota représentait “une opportunité”, explique-t-il à l’AFP. Celui « de faire partie de quelque chose de plus grand qu’un simple travail. C’est une carrière ».

Les effectifs de la gigantesque usine de batteries de Toyota devraient passer d’environ 800 aujourd’hui à 5 100 personnes d’ici 2028, et l’investissement total à 13,9 milliards de dollars. A l’origine, le constructeur n’en prévoyait que 1,29 milliard.

– Déficit de recharge –

Les véhicules électriques devraient représenter environ 30 % du marché américain d’ici 2030, note Sean Suggs, directeur de cette usine, mais il s’inquiète du manque d’infrastructures, comme les bornes de recharge.

Le constructeur américain Tesla a créé son propre réseau, qui peut désormais être utilisé par plusieurs concurrents, et l’émergence de nouveaux acteurs devrait améliorer le réseau.

Le groupe finlandais Kempower s’est implanté en Caroline du Nord il y a deux ans, bénéficiant de financements des autorités américaines pour favoriser le développement du secteur.

Près de 650 milliards de dollars de subventions fédérales et locales ont été annoncées depuis 2021 pour développer l’industrie verte (énergie et industrie).

Mesure phare de Joe Biden, l’Inflation Reduction Act (2022), doit prévoir quelque 370 milliards de dollars d’aides et d’avantages fiscaux pour accélérer la transition énergétique, notamment sur les routes électriques.

Tomi Ristimaki, patron de Kempower, anticipe une augmentation durable des financements en faveur des constructeurs américains et européens, les gouvernements tentant d’effriter l’hégémonie chinoise.

L’entreprise a investi plus de 40 millions de dollars dans son usine de Durham et créé des centaines d’emplois. Elle prévoit de s’approvisionner pour plus de la moitié de ses besoins auprès de fournisseurs américains.

– Patience –

La Caroline du Nord attire « des niveaux d’activité presque sans précédent », constate Christopher Chung, directeur d’une organisation de développement économique dans cet État.

Le fabricant américain de semi-conducteurs Wolfspeed a notamment investi 5 milliards de dollars dans sa nouvelle usine.

Selon M. Chung, non seulement ces projets se multiplient, mais les montants moyens investis ne font qu’augmenter, tout comme leurs effets sur l’emploi.

Ces entreprises devront néanmoins faire preuve de patience, car le marché des véhicules électriques se développe moins vite que prévu et il y a une pénurie de main d’œuvre qualifiée.

Mais les effets se font déjà sentir sur le terrain, explique Evito Perez, machiniste chez Toyota : “Les écoles reçoivent plus de financements qu’avant et de nombreuses routes sont refaites.”

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