Les finances publiques, symptôme d’un déclassement réel ou supposé de la France sur la scène européenne

Emmanuel Macron au siège français de Microsoft à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), le 13 mai 2024.

Ces dernières semaines, c’est l’angle d’attaque de la droite contre le gouvernement et sa gestion des finances publiques. La dégradation des comptes, accélérant le déclassement réel ou supposé de la France sur la scène européenne, aurait poussé la France dans le bloc peu enviable des pays du sud de l’Europe. Tandis que la gauche incite l’exécutif à s’inspirer du modèle américain en dépensant davantage, la droite brandit l’ultime menace, bien que récurrente depuis la crise de la zone euro : en gardant les vannes ouvertes, la France serait en train de prendre le chemin de la Grèce. . C’est la prophétie du président du parti Les Républicains, Eric Ciotti, dans Les échos à partir du 20 mars.

Ironiquement, ce déclin français interviendrait au moment même où la situation d’Athènes s’améliore aux yeux des investisseurs, puisque l’agence de notation Standard & Poor’s, qui doit rendre son verdict sur la dette française fin mai, a relevé la note attribuée à la dette grecque en octobre 2023 et s’apprête à le faire à nouveau.

« Nous serons bientôt les derniers en Europe : le Portugal a redressé ses finances, la Grèce suit le même chemin et nous laissons inlassablement se dégrader nos dépenses publiques », a ajouté le président (LR) du Sénat, Gérard Larcher, le 14 avril dans Le journal du dimanche. Ce qui affaiblit notre économie et notre souveraineté. » Quinze ans après la grande crise de 2008, la France est-elle vraiment en train de devenir le mauvais élève de la zone euro ? À tort ou à raison, elle adore poser la question.

Les principaux indicateurs des finances publiques tendent à montrer que la situation de la France s’est dégradée par rapport à ses voisins européens sur le plan strictement budgétaire. « Le problème des finances publiques en France est pour nous le principal sujet de préoccupationconfirme Bertrand Plutaud, chef du bureau France de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Les chiffres montrent que la situation s’est détériorée ces dernières années. La France est en effet le pays de (l’Union monétaire) y compris la dette, par rapport au PIB (produit intérieur brut), a augmenté le plus depuis 2013 – de 16 points, contre une baisse de 4,7 points en moyenne pour la zone euro. »

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Dans le même temps, les pays du sud de l’Europe, touchés par la crise des subprimes à partir de 2008 puis par celle des dettes souveraines, procèdent à une restructuration forcée. Comme le Portugal, dont la dette a baissé de 32 points en dix ans, ou la Grèce, où sa dette a baissé de 16 points, même si elle reste à des niveaux élevés (99 % du PIB pour le Portugal, 160 % du PIB pour la Grèce).

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