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Les frères Naudet racontent les coulisses de « Au cœur des Jeux »

Le troisième épisode de la série documentaire qui plonge dans les coulisses de Paris 2024 est diffusé mardi.

Les larmes de Thomas Jolly, le directeur de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, découvrant la pluie, le 26 juillet. Le stress de Tony Estanguet, Présidente du comité d’organisation de Paris 2024 quelques heures avant le début des festivités. L’immense émotion de Marie-José Pérec lorsqu’elle a appris qu’elle serait la dernière relayeuse de la flamme olympique… Voici leautant de moments inédits voire secrets que les caméras de Jules et Gédéon Naudet ont pu capturer dans les coulisses des Jeux Olympiques et Paralympiques.

Les frères Naudet, directeurs deAu cœur des JeuxJe voulais de mettre en lumière les sportifs, mais surtout les acteurs de l’ombre sans qui Paris 2024 n’aurait pas existé. Après les deux premiers épisodes diffusés quelques jours avant le début des Jeux olympiques, France 2 dévoile, mardi 10 septembre, à 21h10, les deux derniers épisodes de cette série documentaire. Pour franceinfo, les réalisateurs reviennent sur leur travail.

Franceinfo : C’est vous qui avez eu l’idée de ces documentaires ou c’est le CIO qui vous l’a suggéré ?

Jules Naudet : C’est nous. Il y a trois ans et demi, nous avons découvert le projet hallucinant de la cérémonie d’ouverture sur la Seine et des sites de compétition situés dans des lieux emblématiques de Paris. Nous étions fascinés par cette histoire incroyable, même si nous vivons aux États-Unis depuis trente-cinq ans. Nous sommes donc allés voir le CIO et le comité d’organisation de Paris 2024 pour proposer quelque chose de complètement différent. Pour chaque JO depuis 1920, il existe un film officiel qui sort généralement un an après les Jeux, et il s’agit plutôt d’une compilation des meilleurs moments sportifs.

« Ce que nous voulions, c’était casser les codes, raconter des histoires, aller dans les coulisses et montrer comment s’organise un tel événement. »

Jules Naudet, réalisateur

à franceinfo

Nous souhaitions montrer ces milliers de personnes que l’on ne voit jamais et qui sont pourtant essentielles, car sans elles, il n’y aurait pas eu de Jeux. Nous avons contacté le CIO et Paris 2024, qui ont mis du temps à être convaincus par notre projet atypique.

Les organisateurs ont-ils longtemps hésité avant d’accepter votre projet ?

Jules Naudet : Nous avons fait cette proposition il y a trois ans et demi. Ils ont finalement accepté l’année dernière et nous avons lancé notre appel d’offres et trouvé notre diffuseur il y a neuf mois.

Gédéon Naudet : On a voulu essayer d’être à la hauteur du pari fou de Paris 2024, qui a révolutionné les Jeux en sortant complètement du stade et on s’est dit, on ne va pas sortir notre film officiel un an ou un an et demi plus tard, personne ne va le regarder. Donc, en plus du film, qui sera prêt à la fin de l’année, on leur a proposé une série qui devait être diffusée avant le début des Jeux et juste après. Cette série n’est pas faite uniquement pour les gens qui aiment le sport, car cet événement va bien au-delà du sport.

Était-ce un choix de votre part de mélanger les Jeux Olympiques et Paralympiques ?

Jules Naudet : Oui, nous avons voulu les mettre sur un pied d’égalité, au même niveau, les traiter de la même manière.

Gédéon Naudet : Nous sommes allés à Paris 2024 et au CIO et nous avons dit : « Pourquoi les séparer ? Cela n’a pas de sens. » Tout naturellement, ils ont accepté. C’est pour cela qu’ils sont mélangés dans la série.

Combien de personnes ont travaillé avec vous ?

Gédéon Naudet : Nous avions parfois quatre à six équipes qui filmaient en même temps le même jour.

Jules Naudet : Plus les monteurs, plus les producteurs, je crois qu’on est entre quarante et cinquante à travailler quand tout le monde est ensemble.

Gédéon Naudet : Mais le plus difficile, finalement, ce n’est pas d’avoir beaucoup de choses à filmer, c’est surtout de trouver les histoires et les gens.

Justement, comment avez-vous choisi les personnes que vous suiviez ?

Gédéon Naudet : En fait, concernant les athlètes peu connus que nous avons pu suivre, cela fait partie des « accidents de la vie », c’est pour cela que nous aimons tant faire des documentaires. Nous croyons que nous allons filmer une chose et à la fin de la journée, nous filmons autre chose. Par exemple, lorsque nous consacrons une séquence aux incroyables ateliers d’Ottobock, cette entreprise allemande spécialisée qui répare gratuitement les fauteuils roulants et les prothèses des paralympiens. Nous rencontrons le para-athlète de saut en longueur Joël de Jong et sa petite amie. Le pied de sa prothèse était cassé. Nous décidons de suivre son parcours et la magie du documentaire, quelques jours plus tard, il gagne.

Jules Naudet : C’est ce qu’on appelle dans les documentaires “l’heureux accident”. Nous avions les autorisations, nous étions bien informés, nous étions acceptés par tout le monde et surtout nous étions là au bon moment. Cela nous a permis de capter cela.

« On garde les yeux et les oreilles ouverts et on se laisse la possibilité d’être surpris par ce qu’on va filmer. »

Jules Naudet, réalisateur

à franceinfo

On évite d’avoir un plan en se disant : « On va filmer ceci, cela et cela. »

Aviez-vous encore un fil conducteur ?

Jules Naudet : Oui, notre fil conducteur a été la cérémonie d’ouverture du 26 juillet. Nous voulions casser les codes. Nous ne voulions pas d’une histoire traditionnelle. Tous les épisodes de la série sont donc rythmés par des moments de cette soirée.

Gédéon Naudet : Et pour les séquences, le mot d’ordre était : coulisses, coulisses, coulisses. Ce que les gens n’ont pas vu à la télévision, ils vont le découvrir, en partie, dans la série.

Tu as imaginé UN Un enthousiasme similaire en France pour ces Jeux ?

Jules Naudet : Nous sommes optimistes par nature, peut-être parce que nous vivons aux États-Unis. Nous savions simplement, en découvrant les idées incroyables de Paris 2024, que cela allait être différent. Mais il est vrai que lorsque la journée du 26 juillet commence, c’est une catastrophe : il pleut, les trains ont été sabotés et les gens ont peur d’un éventuel attentat. Et en douze heures – c’est ce que nous avons voulu montrer – le pays change progressivement. Il y a un avant et un après.

Gédéon Naudet : Tout était réuni pour que ce soit un désastre et en fait, la mayonnaise a fonctionné à merveille, parce que l’idée était géniale et parce que les gens qui ont travaillé autour de ces idées étaient également géniales.

« Il y a vraiment eu un alignement de planètes. »

Gédéon Naudet, réalisateur

à franceinfo

Jules Naudet : On ne s’attendait pas à un tel succès, car c’était un vrai défi. C’est un moment historique dans une ville et il y a quelque chose d’un peu incompréhensible avant. Quand ça décolle, on vit vraiment quelque chose d’unique, une parenthèse enchantée, car ce moment est arrivé à un moment compliqué et tout le monde en avait besoin. Les gens étaient heureux, ils chantaient Marseillaiseil y avait des drapeaux de toutes les couleurs partout, c’était magnifique !

Où étiez-vous le soir de la cérémonie d’ouverture ?

Jules Naudet : Nous avions six équipes de tournage. J’étais avec Tony Estanguet, Gédéon était aux commandes avec Thomas Jolly. Nous avions des gens à la Tour Eiffel, d’autres avec la brigade fluviale, certains dans le bateau avec la délégation française et enfin une équipe à Roissy Charles-de-Gaulle. Comme l’aéroport était vide, nous voulions absolument des plans de gens sur les pistes désertes qui regardaient cette cérémonie d’ouverture sur leur téléphone. Trois heures avant et deux heures après l’événement, plus aucun avion ne décollait. Je vous le dis, un aéroport vide, c’est impressionnant.

Ce genre de documentaire ne vous convient pas vraiment…

Gédéon Naudet : Oui et C’est pour cela que nous avons voulu faire ce projet, car nous aimons nous remettre en question, changer, ne plus être réduits à des “frères du désastre”. Pour notre santé mentale, cette série nous a fait le plus grand bien. Nous voulions un défi. Nous aussi, nous cherchions notre défi.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?

Jules Naudet : En fait, ce sont surtout les gens qui ont travaillé dans l’ombre de cet événement, pendant dix ans pour certains. Leur optimisme et le fait que ces gens aillent à contre-courant des râleurs qui disaient sans cesse que ce ne serait pas possible, qu’on n’y arriverait pas… Cela nous a touchés. La détermination de toutes ces petites mains qui ont participé à cet événement hors du commun.

« Même s’il y a eu des polémiques, quand on discute avec les gens, que ce soit en France ou à l’étranger, ils disent tous que c’étaient les plus beaux Jeux Olympiques et Paralympiques du monde. L’audace française a parfaitement fonctionné. »

Jules Naudet, réalisateur

à franceinfo

Et maintenant, dans les esprits, il y aura un avant et un après Paris 2024, les Jeux Olympiques ne seront plus jamais les mêmes. Nous sommes très fiers d’avoir documenté ce moment historique.

Gédéon Naudet : Je tiens à saluer tous les bénévoles, car ils ont été extraordinaires. Il faut les remercier quinze mille fois, car ils ont tout donné. Et surtout, c’est un énorme doigt d’honneur aux pessimistes et aux grincheux.


Le documentaire Au cœur des Jeux, réalisé par Jules et Gédéon Naudet, est diffusé mardi 10 septembre, à 21h10, sur France 2 et sur la plateforme france.tv.

Fleur

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