Les inondations dans le nord-est du pays font craindre le déplacement de 1,1 million de personnes

“Il était une heure du matin, je dormais quand soudain j’ai senti mes jambes mouillées, je me suis réveillée et j’ai réalisé que toute notre maison se remplissait d’eau…”, a raconté à l’AFP Fatima Yakubu, 26 ans, mère de six enfants.

Cette habitante de Maiduguri, la capitale régionale de l’État de Borno, dans le nord-est du Nigeria, pensait qu’elle et sa famille ne survivraient pas aux inondations massives qui ont ravagé la ville lundi soir.

Des milliers de maisons ont été submergées par la montée rapide des eaux provoquée par la rupture du barrage d’Alau sur la rivière Ngadda, à 20 kilomètres au sud de Maiduguri, après un week-end de pluies torrentielles.

“Nous estimons que les inondations ont déplacé 1,1 million de personnes”, a déclaré Barkindo Mohammed, directeur général de l’agence locale de secours, l’Agence de gestion des urgences de l’État (SEMA), qui a précisé que les données étaient encore en cours de compilation.

« J’ai crié à l’aide et des hommes sont entrés dans ma maison pour nous sauver, mes enfants et moi », raconte Fatima Yakubu, qui salue ce « miracle » depuis l’un des huit camps spécialement aménagés par les autorités pour accueillir les personnes déplacées par la catastrophe.

Mohammed Sheriff, 60 ans, a eu beaucoup moins de chance. Lui aussi a été réveillé au milieu de la nuit par la montée des eaux à son domicile, mais deux de ses huit enfants étaient portés disparus.

Avec ses deux épouses, ils portaient dans leurs bras six de leurs enfants, pensant que les deux aînés, âgés de 11 et 13 ans, seraient assez forts pour lutter contre le courant.

« Nous ne les avons plus revus et nous craignons le pire… », confie le père.

Selon le bilan provisoire donné mercredi par les secours, “au moins 30 personnes” ont péri à cause des inondations – les pires des trente dernières années -, a déclaré l’agence des Nations unies pour les réfugiés au Nigeria.

Jeudi, la directrice de l’Agence nationale de gestion des urgences (NEMA), Zubaida Umar, a déclaré sur son compte X qu’elle était « soulagée que le niveau des inondations à Maiduguri diminue et que la normalité commence à revenir dans la métropole », tout en soulignant que les opérations de sauvetage se poursuivaient dans la ville qui était « à 40 % » inondée.

– Faim et maladies –

L’ONG Save The Children a averti vendredi dans un communiqué que « des enfants et des familles sont toujours bloqués chez eux ».

« Les dégâts importants causés aux services d’eau et d’assainissement augmentent le risque de choléra et d’autres maladies d’origine hydrique », note l’ONG, qui souligne également que les deux principaux hôpitaux de la ville sont inondés.

Selon le Programme alimentaire mondial (PAM) dans un communiqué publié vendredi, “plus de 550.000 hectares de terres agricoles ont été inondés” cette année à travers le pays, faisant peser un risque accru d’insécurité alimentaire, notamment dans le nord-est où la malnutrition est déjà chronique, notamment en raison de l’insécurité qui règne dans cette région, épicentre d’une insurrection qui dure depuis plus de quatorze ans.

L’agence des Nations Unies a demandé 147,9 millions de dollars au cours des six prochains mois pour « soutenir les personnes touchées par les inondations à Maiduguri et les personnes confrontées à l’insécurité alimentaire dans le nord-est » du Nigeria.

Depuis le début de la saison des pluies, les inondations au Nigeria ont fait « 259 morts » et « 625.239 déplacés », selon Zubaida Umar de la NEMA.

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