Roland-Garros 1984, John McEnroe s’énerve. En huitièmes de finale face à José Higueras, « La terre entière est en colère contre lui, résumait ce jour-là Roger Zabel sur Antenne 2. Il faut donc blâmer quelque chose ou quelqu’un. Les micros de la télévision. Photographes et spectateurs. L’arbitre. » A 0-15 dans le troisième set, l’Américain conteste une balle contestée, qualifiée de faute par un juge de ligne. Grand seigneur, Higueras reconnaît que c’est bien et, image surréaliste, c’est à genoux que l’Espagnol supplie l’arbitre de donner le point à son adversaire.
Ces sketches qui font le sel du théâtre de la Porte d’Auteuil vont bientôt prendre définitivement la poussière. Même si ce n’est pas encore officiellement acté, les juges de lignes vivent probablement leurs dernières heures sur la terre battue parisienne. A partir de 2025, l’arbitrage électronique les aura remplacés sur tous les tournois du circuit principal de l’ATP (ATP 250, 500 et Masters 1000). Voici comment Andrea Gaudenzi a décidé : « La tradition est au cœur du tennis (…), mais nous avons la responsabilité d’adopter l’innovation et les nouvelles technologies »justifiait le patron du circuit masculin, en avril 2023.
Libre de légiférer sur la question en sa qualité de Grand Chelem – entités indépendantes – Roland-Garros aurait pu laisser perdurer la tradition sur la brique pilée, où les traces des balles sont visibles après impact. Sauf que l’US Open et l’Open d’Australie ont déjà franchi le pas depuis 2021. Difficile d’imaginer leur cousin français ne pas franchir le pas à son tour. Amélie Mauresmo, sa directrice, a déjà préparé le terrain lors de la conférence de presse d’avant-tournoi, répondant qu’elle “n’aurait pas peur de mettre le sujet sur la table”.
«On va trop aseptiser le tennis»
Les mains sur les genoux ou derrière le dos, les yeux fixés sur les lignes, les « adjoints » de l’arbitre de chaise font partie du décor depuis la création du stade en 1928. Mais impossible d’arpenter les premiers intéressés, les 330 hommes et femmes officiant cette année ont reçu la ferme consigne de ne pas s’exprimer sur le sujet. Quant aux anciens joueurs, le débat est assez tranché.
Il y a ceux qui, comme Henri Leconte, se rangent du côté de la tradition de leur sport et craignent de voir une partie de son âme s’évaporer. « On va trop aseptiser le tennis, ça va devenir une machine qui dit : « faute », « dehors ». Il ne faut pas perdre notre sport, c’est un sport de valeurs”, pense le malheureux finaliste de l’édition 1988 (face à Mats Wilander). Guy Forget fait également partie des loyalistes. L’ancien directeur du tournoi met en avant la culture de l’arbitrage français, reconnue à l’étranger ” depuis des décennies “. « Ces performances et cette régularité sont dues à une filière, à la formation. Est-ce que c’est ça (cette réforme) est essentiel? Je ne suis pas convaincu. »
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Roland-Garros 1984, John McEnroe s’énerve. En huitièmes de finale face à José Higueras, « La terre entière est en colère contre lui, résumait ce jour-là Roger Zabel sur Antenne 2. Il faut donc blâmer quelque chose ou quelqu’un. Les micros de la télévision. Photographes et spectateurs. L’arbitre. » A 0-15 dans le troisième set, l’Américain conteste une balle contestée, qualifiée de faute par un juge de ligne. Grand seigneur, Higueras reconnaît que c’est bien et, image surréaliste, c’est à genoux que l’Espagnol supplie l’arbitre de donner le point à son adversaire.
Ces sketches qui font le sel du théâtre de la Porte d’Auteuil vont bientôt prendre définitivement la poussière. Même si ce n’est pas encore officiellement acté, les juges de lignes vivent probablement leurs dernières heures sur la terre battue parisienne. A partir de 2025, l’arbitrage électronique les aura remplacés sur tous les tournois du circuit principal de l’ATP (ATP 250, 500 et Masters 1000). Voici comment Andrea Gaudenzi a décidé : « La tradition est au cœur du tennis (…), mais nous avons la responsabilité d’adopter l’innovation et les nouvelles technologies »justifiait le patron du circuit masculin, en avril 2023.
Libre de légiférer sur la question en sa qualité de Grand Chelem – entités indépendantes – Roland-Garros aurait pu laisser perdurer la tradition sur la brique pilée, où les traces des balles sont visibles après impact. Sauf que l’US Open et l’Open d’Australie ont déjà franchi le pas depuis 2021. Difficile d’imaginer leur cousin français ne pas franchir le pas à son tour. Amélie Mauresmo, sa directrice, a déjà préparé le terrain lors de la conférence de presse d’avant-tournoi, répondant qu’elle “n’aurait pas peur de mettre le sujet sur la table”.
«On va trop aseptiser le tennis»
Les mains sur les genoux ou derrière le dos, les yeux fixés sur les lignes, les « adjoints » de l’arbitre de chaise font partie du décor depuis la création du stade en 1928. Mais impossible d’arpenter les premiers intéressés, les 330 hommes et femmes officiant cette année ont reçu la ferme consigne de ne pas s’exprimer sur le sujet. Quant aux anciens joueurs, le débat est assez tranché.
Il y a ceux qui, comme Henri Leconte, se rangent du côté de la tradition de leur sport et craignent de voir une partie de son âme s’évaporer. « On va trop aseptiser le tennis, ça va devenir une machine qui dit : « faute », « dehors ». Il ne faut pas perdre notre sport, c’est un sport de valeurs”, pense le malheureux finaliste de l’édition 1988 (face à Mats Wilander). Guy Forget fait également partie des loyalistes. L’ancien directeur du tournoi met en avant la culture de l’arbitrage français, reconnue à l’étranger ” depuis des décennies “. « Ces performances et cette régularité sont dues à une filière, à la formation. Est-ce que c’est ça (cette réforme) est essentiel? Je ne suis pas convaincu. »
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