Après seulement une semaine dans son entreprise, Arnaud (pseudonyme), conseiller ministériel jusqu’en janvier et désormais chargé du développement dans le secteur privé, déteste devoir remplir une multitude de tableaux pour justifier le temps passé à telle ou telle tâche. Au sein de son ministère, il jouissait d’une liberté d’action qu’il ne parvenait pas à retrouver dans son nouveau poste. « Le monde de l’entreprise est tout un univers que je découvre »» admet-il après avoir augmenté ses postes de travail.
Deux univers qui se regardent tels des chiens de faïence. D’un côté, le secteur privé considère que les fonctionnaires sont peu performants, de l’autre, la fonction publique juge les entreprises obsédées par la recherche du profit. Par ailleurs, en dehors des positions hautes, et même si la tendance s’inverse légèrement, les mouvements de l’un vers l’autre restent rares. Si les deux répondent à des logiques parfois opposées, le secteur privé pourrait engager davantage ses salariés en s’inspirant de la mission de service public, quand ces derniers gagneraient à mieux encourager ses agents tout au long de leur carrière.
« Longtemps, la transformation du service public s’est concentrée sur les usagers au détriment des conditions de travail des agents, mais il y a eu un renversement après les confinements liés au Covid, remarque Sigrid Berger, fondatrice de Profil public, une start-up spécialisée dans le recrutement public. Peu compétitives sur les salaires, les administrations ont montré depuis environ trois ans qu’elles étaient capables de répondre à une demande de structures plus transversales, d’accorder plus d’autonomie aux agents, de proposer du télétravail…”
Des carrières plus dynamiques dans le secteur privé
Le secteur public est capable d’innover pour attirer des profils sans augmenter ses coûts. Dès 2001, face au manque de candidatures, la communauté de communes de Grand Lieu (Loire-Atlantique) choisit la flexibilité pour l’aménagement du temps de travail et propose à ses agents de regrouper les 36 heures 30 de travail hebdomadaire sur une journée de 4,5. semaine: « Cette organisation, qui permet beaucoup de confort, a été choisie par 99 % de nos collaborateurs. C’est immédiatement devenu un argument majeur que nous avancions sur nos offres d’emploi. Nous avons été l’une des premières organisations à le faire, avant que cela ne devienne monnaie courante dans le secteur privé.rapporte Hélène Savina, directrice générale des services de Grand Lieu Communauté.
Mais, contrairement au secteur privé, les carrières dans la fonction publique souffrent d’une rigidité liée au statut de fonctionnaire jugé restrictif : revers d’un système plus égalitaire, l’avancement est ponctué de longues étapes et les candidats ont peur de faire le même métier. toute leur carrière, d’autant plus que les fonctionnaires ne sont régulièrement pas libérés de leur mission.
Il vous reste 61,92% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.