Les ouvriers de l’automobile se mobilisent à Bruxelles contre les fermetures d’usines

Pneus brûlés par des salariés devant l’usine Audi à Bruxelles, le 9 septembre 2024 (JONAS ROOSENS)

Victime des secousses du marché européen de la voiture électrique, l’usine Audi de Bruxelles, qui emploie environ 3.000 personnes, pourrait fermer ses portes en 2025. Les syndicats appellent à une grande manifestation lundi dans la capitale de l’UE.

La mobilisation s’annonce forte. L’intersyndicale belge appelle à descendre dans la rue dès le matin pour “protéger les emplois industriels”. Elle devrait être rejointe par des délégations d’autres pays, notamment allemandes d’IG Metall, après l’annonce d’une cure d’austérité sans précédent envisagée par le groupe Volkswagen.

Cette manifestation intervient à un moment où la question de la concurrence des voitures électriques chinoises fait l’objet de vifs débats, et où l’Union européenne est divisée sur la question de savoir s’il faut imposer des surtaxes au risque de provoquer des représailles commerciales de la part de Pékin.

A Bruxelles, l’humeur oscille entre colère et consternation depuis l’annonce début juillet par Audi, filiale de Volkswagen, de l’arrêt prochain de la production du SUV Q8 e-tron, en raison de la baisse des commandes pour ce modèle de voiture électrique haut de gamme.

“Nous étions censés être une usine pilote, mais on nous a amenés à nous écraser contre un mur”, déplore Karim Chawki, un salarié d’Audi rencontré par l’AFP sur un piquet de grève devant le bâtiment de la commune bruxelloise de Forest.

« Ils nous parlent d’acheteurs, on ne sait encore rien. On se sent abandonnés », poursuit Régis Lauwereyns, employé dans l’atelier de peinture.

La direction a confirmé début septembre qu’aucune autre voiture du groupe VW ne serait construite dans l’usine après la sortie des derniers Q8 e-tron l’année prochaine.

Une fin synonyme de milliers de pertes d’emplois puisque ce modèle est le seul assemblé chez Audi-Forest depuis des années.

Le travail sur le site n’a pas repris début septembre après la pause estivale et le conflit s’est intensifié lorsque des ouvriers en grève ont volé les clés de 200 voitures pour les empêcher de quitter l’usine. Ils les ont finalement rendues.

– Colère « légitime » –

Parmi les salariés qui ont installé leur campement devant l’immeuble, plusieurs ont souligné “les erreurs” des dirigeants, accusés d’avoir tout misé sur les véhicules électriques haut de gamme.

“Les Européens ont délaissé la production de voitures électriques de milieu de gamme alors que les Chinois nous envahissent avec des modèles beaucoup moins chers qui prennent des parts de marché”, acquiesce Bernard Clerfayt, ministre de l’Emploi à l’exécutif régional de Bruxelles, contacté par l’AFP.

Selon lui, la colère des salariés d’Audi est “très légitime, très compréhensible, d’autant que la direction n’est pas claire sur ses plans”. “Sans doute ses perspectives financières ne sont pas bonnes”, poursuit M. Clerfayt.

Au deuxième trimestre, Volkswagen, premier groupe automobile européen, a vu son bénéfice net reculer de 4,2% sur un an. Les ventes de ses voitures Porsche et Audi, qui génèrent les meilleures marges, ont reculé de 9,6% et 11,3%.

Pour Jan Baetens, patron du syndicat chrétien belge CSC, le malaise vient de l’échéance de 2035, qui doit en principe marquer la fin dans l’UE des ventes de voitures neuves à moteur à combustion au profit du tout électrique. La disposition est contestée, notamment par l’Allemagne.

« On pousse les gens à acheter des voitures électriques, même si on n’est pas prêt en termes d’infrastructures », regrette le représentant syndical.

Il prévoit la mobilisation d'”au moins 10.000 personnes” lundi dans les rues de Bruxelles pour interpeller les institutions européennes sur la politique industrielle de l’UE et la nécessité d’investissements.

Audi, le plus grand employeur privé de Bruxelles, emploie également du personnel venant de Flandre et de Wallonie, les deux autres régions belges.

Les syndicats ont appelé à une manifestation nationale et des débrayages sont attendus dans d’autres secteurs en signe de solidarité. La Société des transports urbains de Bruxelles (Stib) a prévenu que son réseau de trams, de bus et de métro risquait de subir “d’importantes perturbations” lundi.

mad-ub/aro/abx

Anna

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