les paradoxes d’une Corse au cœur autonomiste, ayant la tête à l’extrême droite

Panels de candidats pour les élections européennes à Ajaccio, le 31 mai 2024.

Il est resté silencieux le soir du premier tour. Elu depuis 2015, le président de l’exécutif corse, Gilles Simeoni, réserve ses commentaires, laissant son parti, la Femu a Corsica, publier un communiqué. Les deux pages du parti siméoniste, transmises aux médias, ne trouvent pas un mot pour s’exprimer contre la montée de l’extrême droite, dans une île où les listes cumulées du candidat du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella ( 40,8%), et la candidate de Reconquête !, Marion Maréchal (8,4%), ont rassemblé la moitié des voix à l’issue d’un scrutin qui a mobilisé quatre électeurs sur dix.

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Ce score dépasse encore de 12 points celui que le parti d’extrême droite avait réalisé sur l’île en 2019 et amène pour la première fois au Parlement européen une Corse, l’élue RN Nathaly Antona, qui exhibe déjà ses dadas. « coût de la vie, eau, transport ». En grande difficulté, le parti de la majorité territoriale entend œuvrer à l’union sacrée des nationalistes, lors des élections législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet, et sauver coûte que coûte le processus avec la place Beauvau en vue de l’autonomie de l’île, aujourd’hui « suspendu, voire menacé ».

Le RN a été largement absent de ce processus politique, entendu ici et là, mais laissé à la porte du comité stratégique qui réunissait une vingtaine de personnalités discutant avec le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, sur des sujets institutionnels ou économiques. « Nous sommes pour la décentralisation, pas pour l’autonomie »recadre François Filoni, délégué régional et membre du bureau national du RN, qui pose dans « Force d’alternance à l’Assemblée de Corse » et pour qui « ce vote est aussi le fruit de l’effritement de la majorité régionale ».

« Nous ne sommes plus diabolisés »

Cet Ajaccien, qui a parcouru l’échiquier politique du Parti communiste, en passant par le chevènementisme, à droite de l’ancien maire d’Ajaccio Laurent Marcangeli, n’aurait pas « Je n’ai jamais adhéré au FN (Front National) de Jean-Marie Le Pen ». L’ancien leader du FN n’a pas pu atterrir à Bastia, puis n’a pas pu tenir un meeting à Ajaccio le 28 février 1992, vilipendé par les nationalistes corses. «Mais avec Marine (Le stylo)c’est différentfait valoir M. Filoni. Elle a des idées pour la Corse, nous ne sommes pas des jacobins, et puis, nous sommes sur le terrain, nous. » Le RN corse affirme avoir sondé, pendant la campagne, 280 des 360 communes insulaires, certaines souffrant d’un sentiment de « déclassification ».

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