Tous s’accordent à déplorer les atermoiements d’Emmanuel Macron dans sa quête d’un nouveau Premier ministre. Les partenaires sociaux sont désormais très divisés sur le choix du chef de l’Etat. La nomination de Michel Barnier à Matignon, jeudi 5 septembre, est, sans surprise, commentée sur un ton bienveillant par le patronat, tandis que les syndicats, eux, oscillent entre prudence et franche déception – voire volonté d’en découdre tout de suite. Tous les protagonistes attendent avec impatience la composition du prochain gouvernement et ses orientations sur plusieurs sujets clés : pouvoir d’achat, retraites, finances publiques…
La CGT fait partie des organisations les plus critiques à l’égard de la nomination de M. Barnier. Pour sa secrétaire générale, Sophie Binet, les conditions dans lesquelles s’est déroulé le processus de sélection posent un énorme problème de principe : la décision de M. Macron « est complètement en décalage avec le message des électeurs »elle réfléchit, ajoutant : « On peut même dire que le président de la République fait fi du scrutin du 7 juillet, à l’occasion du second tour des élections législatives. »
Selon le syndicaliste, la logique aurait voulu que, « comme dans toutes les démocraties parlementaires »que la première personne choisie pour Matignon est issue de la coalition arrivée en tête des élections – en l’occurrence le Nouveau Front Populaire (NFP). « Mais cette chance ne lui a pas été offerte. »constate la dirigeante de la CGT, d’autant plus amère qu’elle avait appelé à mettre dans les urnes un bulletin de vote pour l’alliance des partis de gauche.
« Pas un mot sur les salaires, les retraites »
Le rôle de faiseur de roi assumé par le Rassemblement national (RN) constitue un motif supplémentaire d’indignation pour M.moi Binet : « Il est placé au centre du jeu, en position d’arbitre, et c’est lui qui aura droit de vie ou de mort sur le gouvernement que formera Michel Barnier. »fulmine-t-elle. Une allusion au fait que le choix du président de la République a été influencé par la position du parti d’extrême droite sur l’identité du Premier ministre, Marine Le Pen laissant entendre que son parti ne censurerait pas immédiatement M. Barnier. La FSU, par la voix de son secrétaire général, Benoît Teste, s’en inquiète également « forme de chevalerie » du nouveau locataire de Matignon par le RN. Il y a une » risque « que la politique future « donne des gages à l’extrême droite »ajoute M. Teste.
Cependant, la CGT et la FSU assurent qu’elles jugeront « sur pièces » Le successeur de Gabriel Attal. « Nous ne lui reprochons pas de vouloir mettre en œuvre le programme qu’il défendait lorsqu’il briguait l’investiture de la droite pour l’élection présidentielle de 2022. »« Mais les premières déclarations de M. Barnier, jeudi soir lors de la passation de pouvoir dans la cour de Matignon, ne disent rien de valable à M.moi Binet. Même s’il a montré sa volonté de montrer « beaucoup de respect » vers le « partenaires sociaux »elle trouve ses commentaires très inquiétants : « Pas un mot sur les salaires, les retraites et seulement quelques considérations générales sur les services publics, sur lesquels nous demandons de fortes clarifications. »
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