Michel Barnier pourrait-il battre le record du Premier ministre le plus court de la Ve République ? Emmanuel Macron a nommé jeudi 5 septembre l’ancien commissaire européen d’extrême droite pour prendre les rênes d’un pays extrêmement divisé depuis la dissolution de l’Assemblée nationale.
Le Parlement étant divisé depuis le 7 juillet, la menace de censure est réelle, à condition que 289 députés sur 577 soient d’accord, ce qu’aucun des trois blocs ne peut réaliser seul.
• Ils censureront le gouvernement de Michel Barnier
Sans surprise, les différents partis du Nouveau Front populaire ont immédiatement annoncé leur intention de censurer un gouvernement de Michel Barnier. Tous les partis du Nouveau Front populaire ont annoncé, les uns après les autres, vouloir faire sauter le futur gouvernement construit par l’homme politique issu des Républicains. Une volonté reprise par Lucie Castets, candidate du NFP à Matignon.
Manuel Bompard, le coordinateur de La France invaincue Le groupe dénonce un « déni de démocratie insupportable » dans un message partagé sur X, et indique vouloir censurer le Premier ministre. Par ailleurs, le groupe réitère également sa volonté de destituer le président de la République Emmanuel Macron.
Du côté de la Parti socialisteLe secrétaire général Olivier Faure voit dans cette nomination une « crise de régime ». Son parti entend également voter la censure.
« Michel Barnier n’a aucune légitimité politique ni républicaine. Cette situation extrêmement grave n’est pas acceptable pour nous, démocrates », écrivent-ils dans un communiqué.
Même histoire à Les écologistes et le Parti communiste français (PCF). Dans un communiqué signé par Fabien Roussel, secrétaire national du parti, il est précisé que le parti utilisera « tous les moyens » à sa disposition, « à commencer par la censure du gouvernement ».
Ce seront donc théoriquement les 193 députés du Nouveau Front populaire qui voteront en faveur de la censure. Un total insuffisant pour renverser le gouvernement à eux seuls.
• Ils ne devraient pas censurer le gouvernement de Michel Barnier
Les députés deEnsemble pour la République (ex-Renaissance), de Modem et deHorizons devrait théoriquement soutenir le choix d’Emmanuel Macron. Et ce, malgré le fait que l’entourage du chef de l’État considère que Michel Barnier est un « adversaire politique du président de la République ».
Le parti Renaissance a indiqué dans un communiqué vouloir présenter ses « priorités programmatiques au Premier ministre » « dans les prochaines heures ». « Il n’y aura pas de censure automatique mais des exigences sur le fond sans chèque en blanc », assure le mouvement.
Edouard Philippe, fondateur d’Horizons, a de son côté adressé ses « chaleureuses félicitations » à Michel Barnier.
« Sa tâche sera difficile, mais la difficulté ne lui a jamais fait peur », a-t-il expliqué. « Et nous serons nombreux pour l’aider. »
Des dissidents occasionnels sont toutefois possibles, notamment dans l’aile gauche du parti de Macron.
D’autres opposants potentiels à une motion de censure sont les députés du parti républicain, devenu le groupe Droite républicaine à l’Assemblée nationale après la scission avec le courant emmené par Éric Ciotti. Laurent Wauquiez, le président de ce groupe, décrit le titulaire de Matignon comme « un homme de grande qualité » avec « tous les outils pour réussir ».
En additionnant les députés du groupe présidentiel et ceux de la droite traditionnelle, au moins 213 parlementaires pourraient voter « non » à une motion de censure.
• Ils censureront peut-être le gouvernement de Michel Barnier
C’est la plus grande inconnue dans cette équation : que feront les élus du Rassemblement national et leur allié Éric Ciotti ? Il est encore trop tôt pour le dire. « Nous jugerons son discours de politique générale, ses choix budgétaires et ses actes sur les faits », a déclaré le président du parti, Jordan Bardella.
« Nous serons attentifs au projet qu’il portera, et attentifs à ce que les aspirations de nos électeurs, qui représentent un tiers des Français, soient entendues et respectées », a déclaré Marine Le Pen, la cheffe de file des députés RN.
Eric Ciotti, qui a rompu avec une partie du camp Les Républicains qu’il préside toujours, a adressé ses « vœux de réussite républicaine » à Michel Barnier, tout en voyant dans sa nomination « le symbole de la dilution d’une certaine droite dans le macronisme ».
« Nous servirons l’intérêt général et nous censurerons tous ceux qui ont une attitude contraire à l’esprit démocratique », a-t-il précisé sur BFMTV.
D’autres inconnues demeurent encore : que feront les députés non inscrits ? Les députés Liot ? Au total, 171 bulletins restent encore dans le flou. Eux seuls pourraient sauver, ou faire tomber, le gouvernement. Au total : pour (193), contre (213) et on ne sait pas (171).
Article original publié sur BFMTV.com