les Pays-Bas ouvrent le bal des européennes

AFP

Les Pays-Bas lancent le marathon des élections européennes

« Je veux que l’Europe change ! », a déclaré un électeur néerlandais alors que les bureaux de vote s’ouvraient jeudi aux Pays-Bas, donnant le coup d’envoi de quatre jours d’élections dans toute l’UE pour élire 720 députés européens, sur fond de poussée attendue de la droite nationaliste. Les Pays-Bas ont donné le coup d’envoi de cette longue séquence électorale qui se terminera dimanche, jour de vote notamment en Allemagne et en France. Près de deux ans et demi après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, 370 millions d’Européens sont appelés aux urnes dans un climat lourd, les principaux pays de l’UE dénonçant les attaques de désinformation russes. La Haye, lorsque les premiers électeurs se présentent à la mairie. Le vote est crucial pour Claudia Balhuizen, une ingénieure de 42 ans, désireuse d’être la première à voter : face aux dégâts environnementaux et à la montée annoncée de l’extrême droite : « Nous devons tous nous réveiller ! » Aux Pays-Bas, le Parti de la liberté (PVV) du leader d’extrême droite Geert Wilders, vainqueur surprise des élections de novembre, est en tête avec un manifeste farouchement eurosceptique. Simone Nieuwenhuys, fonctionnaire de 48 ans, dit avoir voté pour lui : « Je veux que l’UE change, je veux une voix différente (…) que chaque pays garde sa propre souveraineté, sa propre identité ». Les Pays-Bas font partie des Etats dont le principal contingent d’eurodéputés devrait être issu des forces nationalistes, comme la France où Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national, est en tête des sondages ou l’Italie, où la Première ministre Giorgia Meloni et son parti post-fasciste Fratelli d’Italia sont déclarés vainqueurs. Pour Nathalie Brack, professeur de sciences politiques à l’Université libre de Bruxelles, la singularité de ces élections est moins la montée en puissance de la droite radicale que « une sorte de normalisation » de cette dernière. « Leurs idées arrivent beaucoup plus à l’ordre du jour, l’idée d’une coopération avec certaines forces de droite radicale devient presque normale puisqu’il y a des coalitions au niveau national avec l’extrême droite », explique-t-elle à l’AFP. visages » pour l’Europe ? -L’une des premières tâches du nouveau Parlement, dont les contours se dessineront dimanche soir, sera de confirmer ou d’infirmer les choix des « hauts postes », ces chefs des institutions européennes sur lesquels les dirigeants des 27 Les États tenteront de se mettre d’accord lors d’un sommet prévu fin juin à Bruxelles. Pour la présidence de la Commission, l’Allemande Ursula von der Leyen, en lice pour un second mandat et issue du PPE (à droite), le principal groupe du Parlement, apparaît en bonne position. Mais une surprise de dernière minute n’est pas à exclure à l’issue des traditionnelles négociations nocturnes de Bruxelles. S’il est choisi par les Vingt-Sept, « VDL » devra encore passer par le Parlement, a priori lors d’une séance plénière à Strasbourg mi-juillet. Un refus – et la recherche d’un nouveau candidat – retarderait l’ensemble du processus. « La capacité de naviguer par mauvais temps nécessite d’aller vite », souligne Sébastien Maillard, de l’Institut Jacques Delors, soulignant l’impact, en termes d’image dans le reste du monde, quel pourrait être l’effet d’un flottement dans la désignation de les prochains « visages de l’Europe ». – « La cohésion face à Poutine » – « Ce qui est en jeu, c’est la capacité européenne à incarner la démocratie, à toujours trouver des compromis, à maintenir un minimum de cohésion (…) face à Poutine, face à la Chine, face au futur président américain », explique-t-il à l’AFP, alors que l’élection du 5 novembre outre-Atlantique pourrait voir Donald Trump revenir à la Maison Blanche. Si la « grande coalition » des trois principaux groupes actuels (droite, socialistes, centristes) devait conserver la majorité, sa marge de manœuvre pourrait être bien plus réduite, et elle pourrait avoir besoin de forces supplémentaires, ce qui laisse présager d’intenses négociations. Selon les enquêtes d’opinion, le PPE devrait rester la première force politique, suivi par les sociaux-démocrates. L’enjeu est de savoir qui arrivera à la troisième position occupée actuellement par Renew Europe (comprenant le parti Renaissance d’Emmanuel Macron), en déclin et menacée par la montée en puissance des deux groupes de droite radicale : les Conservateurs et réformistes européens (ECR) et Identité. et Démocratie (ID, incluant notamment le RN français). Le taux de participation sera scruté avec attention, pour voir notamment si l’envolée de 2019 – la barre des 50% avait été franchie – se confirme. « Ne prenez pas l’Europe pour acquise, défendez-la, façonnez-la, utilisez votre vote, sinon d’autres décideront à votre place », a exhorté la présidente (PPE) du Parlement européen, Roberta Metsola.ric-jug-jca/ybl.