La justice britannique a inculpé lundi trois individus pour espionnage au profit des renseignements chinois. Il ne donne pas plus de détails sur la nature des faits qui leur sont reprochés, mais ce procès en dit long sur la nature des relations entre Londres et Pékin aujourd’hui.
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En Grande-Bretagne, trois hommes ont comparu lundi 13 mai devant le Westminster Magistrates’ Court. Ils sont accusés d’avoir aidé les services de renseignement de Hong Kong et d’ingérence étrangère. Cette affaire survient quelques semaines seulement après une première comparution de deux autres personnes soupçonnées d’espionnage pour le compte de la Chine.
Le champ d’action de Pékin sur le territoire britannique s’est considérablement élargi ces dix dernières années, depuis que Londres a accordé l’asile politique à de nombreux dissidents de Hong Kong. Le Royaume-Uni a longtemps condamné poliment cette ingérence, mais le degré d’infiltration est tel que la justice britannique a décidé d’entamer un grand ménage de printemps.
Une liste de litiges longue comme un bras
Pas plus tard que lundi matin, dans un discours de campagne préélectorale, le Premier ministre Rishi Sunak a fortement souligné l’urgence de renforcer la sécurité nationale face aux multiples menaces venues de l’étranger : « Je suis convaincu que les prochaines années seront les plus dangereuses que notre pays ait jamais connues.il prévient. Les dangers qui nous menacent sont réels. Axe d’États autoritaires comme la Russie, l’Iran, la Corée du Nord et la Chine, ces pays s’organisent pour nous affaiblir et attaquer nos valeurs. Sur le plan intérieur, la Chine mène des cyberattaques contre nos députés démocratiquement élus.»
Rishi Sunak évoque particulièrement la Chine car la liste des différends entre Londres et Pékin est devenue longue comme un bras. Il y a d’abord eu les révélations sur les commissariats de police chinois non officiels établis au Royaume-Uni. Puis des étudiants chinois travaillant directement ou indirectement avec le régime ont été repérés. Un scandale a également été révélé, concernant des milliers de salariés ou d’entrepreneurs contactés en ligne par le gouvernement chinois. À chaque cas, les activités d’espionnage de Pékin se rapprochent un peu plus du cœur du pouvoir britannique.
Fin du pouvoir discrétionnaire diplomatique
L’affaire de cyberespionnage contre certains députés britanniques, à laquelle fait référence Rishi Sunak, a ébranlé le Parlement en septembre dernier, au point de susciter une « menace systémique ». Les députés avaient aussi critiqué à l’époque l’absence d’informations sur ses attaques. Ils ont dénoncé le secret dans lequel les autorités avaient mené l’enquête, toujours pour préserver les liens diplomatiques avec Pékin. Mais ces dernières semaines, le gouvernement a fait un pas en avant. Cette fois, c’est la justice britannique qui accuse. Les accusations sont officielles. C’est tout ce que Pékin déteste et c’est ce qui fait sans doute craindre à Rishi Sunak un avenir encore plus menaçant.