Depuis des mois, le taux dâusure â le taux plafond auquel les banques peuvent prĂȘter â suscite lâire du secteur immobilier. Ses Ă©volutions ont Ă©tĂ© scrutĂ©es de prĂšs en 2022 et 2023 alors que les taux montaient. Le systĂšme, qui vise Ă protĂ©ger les emprunteurs des prĂȘts trop onĂ©reux, a Ă©tĂ© accusĂ© par de nombreux professionnels, courtiers en tĂȘte, de dissuader les banques de prĂȘter. Donc pour empĂȘcher les mĂ©nages dâaccĂ©der au crĂ©dit.
En cette pĂ©riode de baisse des taux des crĂ©dits immobiliers (Ă partir de fin 2023), le dĂ©bat nâa plus lieu dâĂȘtre. Pour le deuxiĂšme trimestre consĂ©cutif, le taux d’usure des prĂȘts les plus courants, contractĂ©s sur vingt ans ou plus, est passĂ© de 6,16% Ă 5,85%, au 1euh Octobre 2024, mais cette baisse nâest pas inquiĂ©tante. « Les taux dâusure sont suffisamment Ă©levĂ©s pour ne plus ĂȘtre une contrainte pour les banques, les emprunteurs nâont plus Ă sâen soucier »note Pierre de Buhren, directeur gĂ©nĂ©ral du courtier Empruntis.
L’usure continue nĂ©anmoins de provoquer, cette fois en raison d’une bizarrerie : pour ce dernier trimestre 2024, le taux maximum des crĂ©dits sur 20 ans, 5,85% (assurances et frais compris), est bien infĂ©rieur Ă celui des prĂȘts sur 10 ans Ă 19 ans. ans, 6,03%. Depuis que la Banque de France calcule des niveaux d’usure diffĂ©renciĂ©s selon la durĂ©e des prĂȘts (2017), c’est la premiĂšre fois qu’une telle situation se produit. Le taux Ă moyen terme a certes dĂ©jĂ dĂ©passĂ© celui Ă long terme en 2022, mais lâĂ©cart Ă©tait faible, trois points de base, contre 18 aujourdâhui.
Or, les crĂ©dits sont logiquement dâautant plus chers quâils sont longs. Les taux d’usure Ă©tant calculĂ©s par la Banque de France en augmentant d’un tiers la moyenne des taux pratiquĂ©s par les banques sur les trois mois prĂ©cĂ©dents, ils augmentent aussi gĂ©nĂ©ralement avec la durĂ©e des prĂȘts.
Pas d’erreur de calcul, ni de modification de la mĂ©thode de calcul ni de retraitement particulier, dĂ©cide toutefois la Banque de France. : « Le taux d’usure des prĂȘts Ă taux fixe de 20 ans ou plus est bien infĂ©rieur Ă celui des prĂȘts de 10 ans Ă moins de 20 ans. Cela signifie que sur la derniĂšre pĂ©riode observĂ©e, les taux moyens (taux annuels effectifs annuels, TAEG) appliquĂ©s pour les prĂȘts de 20 ans ou plus Ă©taient infĂ©rieurs Ă ceux des durĂ©es plus courtes (10 Ă 20 ans).
Faut-il en dĂ©duire que ces derniers mois, les banques ont facturĂ© moins cher les prĂȘts Ă vingt ans que ceux Ă quinze ans ? Non, rĂ©pond l’institution, prĂ©cisant que « la composante « pure » du taux dâintĂ©rĂȘt (le taux dâintĂ©rĂȘt au sens Ă©troit) reste plus Ă©levĂ©e sur des durĂ©es plus longues. » Elle explique la situation par deux facteurs : “la courbe des taux s’est aplatie, les taux d’intĂ©rĂȘt Ă 20 ou 25 ans ne sont pas beaucoup plus Ă©levĂ©s qu’Ă 10 ou 15 ans” Et « Les frais sont moins Ă©levĂ©s pour les prĂȘts Ă plus long terme, car ils sont amortis sur des pĂ©riodes plus longues. » Ce sont des frais qui comptent dans le TAEG, comme l’assurance.
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