Les salaires de la fonction publique ont baissé en 2022, selon une étude de l’INSEE

Cela devrait conforter les syndicats dans leur position. Alors que la fonction publique souffre depuis plusieurs années d’un grave manque d’attractivité, les organisations représentant les salariés du public répètent inlassablement qu’améliorer la rémunération des fonctionnaires répondrait en partie à cette crise. Une décennie de « gel du point d’indice » a en effet fait stagner les salaires. Fortement revalorisé en 2022 (+ 3,5 %), cet outil, qui sert de base au calcul des salaires des fonctionnaires, n’avait pas évolué depuis 2010 – hormis un coup de pouce de 1,5 % en deux étapes pendant le mandat de François Hollande en 2016.

Mais la revalorisation de 2022 est intervenue dans un contexte tellement inflationniste qu’elle n’a pas du tout freiné la baisse des salaires des fonctionnaires. Selon une note publiée jeudi 19 septembre par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), les salaires des trois secteurs de la fonction publique (territoriale, hospitalière et d’Etat) ont baissé en 2022 par rapport à l’inflation.

La baisse la plus notable concerne la fonction publique d’État. Compte tenu du niveau d’inflation (5,2 % en 2022, 1,6 % en 2021), le salaire net moyen en euros constants diminue de 2,2 %, tous statuts confondus. Toutefois, le montant figurant sur le bulletin de paie a augmenté en 2022. En moyenne, ces agents perçoivent désormais 2 743 euros nets par mois, en hausse de 2,9 % par rapport à 2021. C’est le résultat de la revalorisation du point d’indice, de la hausse de l’indice du salaire minimum et des trois revalorisations du salaire minimum (qui est indexé sur l’inflation), intervenues en 2022.

Mais ces mesures ne couvrent pas le niveau d’inflation en 2022 et n’empêchent donc pas les salaires de baisser. Grâce aux dispositions adoptées en faveur des bas salaires, les fonctionnaires de catégorie C sont les moins touchés (-0,6%) par rapport à ceux des catégories B (-2,4%) et A (-1,8%). Autre enseignement de l’étude de l’Insee : l’égalité salariale entre hommes et femmes n’est toujours pas totale. Même à profil identique (âge, expérience, qualification…) et même type d’employeur, les salaires des femmes sont inférieurs de 3%.

En 2024, une « année blanche » tant redoutée

Les salaires baissent moins nettement dans les deux autres secteurs. Dans la fonction publique territoriale, le salaire net moyen en euros constants baisse de 1,1 %, alors qu’il était déjà en baisse en 2021 (–0,5 %). Ainsi, les agents travaillant pour le département perçoivent en moyenne 2 351 euros nets par mois, tandis que la rémunération dans les communes atteint 2 021 euros. Seule la fonction publique hospitalière voit sa situation ne pas vraiment se dégrader. Le salaire net moyen en euros constants baisse ainsi de 0,4 %. Les accords du Ségur de la santé de 2020, qui ont notamment conduit à des revalorisations de grilles salariales, expliquent en partie cette meilleure résistance des salaires à l’inflation par rapport aux autres secteurs de la fonction publique.

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