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Les secrets de la vie de Jeanne Duval, la maîtresse de Charles Baudelaire, enfin dévoilés

On ne savait rien, ou presque, de Jeanne Duval, muse du poète Charles Baudelaire. Coïncidence ou plagiat ? Un siècle et demi après sa mort, deux publications concomitantes révèlent les détails de la vie de la Vénus noire.

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Pendant 25 ans, Jeanne Duval fut à la fois la muse, l’amie et la maîtresse de Charles Baudelaire. Une passion entrecoupée de séparations houleuses et de retrouvailles torrides. La collection la plus célèbre de Baudelaire Les fleurs maléfiques, condamné pour outrage aux mœurs et aux bonnes mœurs aurait été largement inspiré par Jeanne Duval. Pourtant, hormis son surnom de « Vénus noire », on ne savait jusqu’ici presque rien de Jeanne Duval, pas même son vrai nom, la maîtresse de Charles Baudelaire se faisant parfois appeler Jeanne Proster, Jeanne Duval ou Jeanne La Mer.

Mais comme le rapporte l’AFP, jeudi 9 mai, deux publications concurrentes révèlent enfin les détails de la vie de Jeanne, et le secret de son patronyme. Grâce notamment à un professeur de français de Strasbourg, Ali Kilic, passionné de généalogie qui, après de nombreuses recherches infructueuses, est finalement parvenu à retrouver dans les registres de l’état civil un acte de décès, au nom d’une certaine Florinne, Jeanne, Gabrielle, Adeline, Prosper, décédé en 1868, en Seine-Saint-Denis. Puis, dans les registres des passagers, la trace de son arrivée au Havre, le 21 juillet 1821, trois mois après la naissance de Charles Baudelaire, à bord du voilier Grand Amédée, aux côtés de sa mère et de sa sœur. Un ensemble d’hypothèses très probables qui permettent notamment d’identifier la dédicace JGF, Jeanne Gabrielle Florine, que l’on retrouve dans deux poèmes de Baudelaire, HéautontimorouménosEt Paradis artificiels.

Ces nouvelles découvertes seront publiées dans l’édition 2024 de l’année Baudelaire qui rassemble chaque année toutes les nouvelles recherches sur le poète. Un retard malheureux pour Ali Kilic puisque l’écrivaine Catherine Choupin, spécialisée dans les muses d’artistes, fournit également peu ou prou les mêmes informations dans Révélations sensationnelles sur Jeanne Duval, la muse de Baudelaireouvrage auto-publié publié le 27 avril 2024. “Je ne sais pas si c’est du plagiat ou du vol, mais (Catherine Choupin) a tiré quelques informations de mes recherches”assure Ali Kilic, toujours sous l’influence de “déception”. “Ou alors c’est vraiment une coïncidence de date assez incroyable…”il dit.

Une forme de réhabilitation

Ce qui compte dans cette affaire, c’est qu’on parle enfin de Jeanne Duval, à qui Baudelaire a voulu tout abandonner lors de sa tentative de suicide ratée, à l’âge de 24 ans, car, disait-il, il n’avait pas trouvé de repos seulement en elle. Jeanne Duval qu’on a tenté d’effacer littéralement des mémoires et de l’histoire, Gustave Courbet lui-même ayant tenté de la faire disparaître d’un de ses tableaux où elle figurait aux côtés de Baudelaire. Charles Baudelaire dont les biographes, aveuglés par leur racisme, affirmaient que «en dehors de sa race” Jeanne Duval “n’avait rien de remarquable, ni talent, ni beauté, ni esprit.” Une femme présentant “tous les défauts des métis, sournois, menteurs, débauchés”, « Un mauvais plus » ayant “a converti l’art du poète au nuit”. Oui, mais comme le dit joliment Régine Abadia dans son documentaire intitulé “La Femme sans nom”, si c’est Jeanne Duval qui a converti Baudelaire à la nuit, c’est tout à son honneur. Car c’est aussi elle qui lui a inspiré ses plus beaux vers. Ceux de Bijouxde Les cheveux, ou Les heautontimorouménospoème dont le titre signifie en grec « bourreau de soi-même », ooù Baudelaire écrit : «Je suis la blessure et le couteau ! Je suis le soufflet et la joue ! je suivez les membres et la roue, Et la victime et le bourreau !

Des vers dont Jeanne Duval, la « sorcière aux yeux alléchants », n’a certainement pas de quoi avoir honte, puisqu’aujourd’hui, comme les sorcières, le temps la réhabilite. D’ailleurs, si vous allez au musée d’Orsay, allez admirer ce célèbre tableau de Courbet l’atelier du peintreoù sa silhouette fanée, au fil du temps, réapparaissait peu à peu aux côtés de celui qui l’aimait furieusement.

Juliette

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