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Les signaux négatifs s’accumulent sur les relations franco-algériennes

De sombres nuages ​​continuent de s’accumuler dans le ciel déjà peu serein des relations entre la France et l’Algérie. De part et d’autre, les signaux négatifs se multiplient, ce qui n’augure rien de bon pour l’avenir des relations entre les deux pays, désormais en pointillés.

Au début de l’automne 2024, l’Algérie est toujours sans ambassadeur à Paris (30 septembre) alors que la capitale française devait accueillir le président algérien, comme convenu en mars dernier par Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron lors d’un entretien téléphonique (la visite était prévue pour “fin septembre, début octobre”, selon l’Élysée).

La relation bilatérale est réduite au strict minimum et, cette fois, l’enchevêtrement de la crise semble plus inextricable que les querelles passagères de ces dernières années.

Paris a cédé face à Rabat

Fin juillet dernier, le président français a provoqué un brusque retour à la case départ dans la relation avec l’Algérie en cédant aux pressions de Rabat sur le dossier sahraoui.

Dans une lettre au roi Mohamed VI, divulguée le 30 juillet par le palais royal marocain, Emmanuel Macron a explicitement exprimé la reconnaissance par la France du « La souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental et son soutien inconditionnel au plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007, aujourd’hui considéré comme le “la seule base pour parvenir à une solution”. Le lendemain, l’Algérie retire son ambassadeur à Paris, Saïd Moussi.

Sahara occidental partagé entre le Maroc et le Front Polisario Courrier international

Paris ne pouvait ignorer qu’une telle démarche constituerait pour Alger un casus belli ce qui déclencherait une vive réaction. Pour moins que cela, la relation algéro-espagnole est au point mort depuis deux ans et demi.

En fait, ce que redoutait l’Algérie avec la perspective d’une France dirigée par l’extrême droite s’est rapidement produit, sans même que le Rassemblement national soit au pouvoir.

On ne le sait que trop bien, la politique maghrébine, c’est-à-dire la relation avec Alger et Rabat et la position vis-à-vis de la question sahraouie, est aussi une question de politique interne à la France.

La droite et l’extrême droite ont maintenu ces dernières années la pression sur le président Macron pour l’amener à “rééquilibrer” en faveur du Maroc sa politique maghrébine jugée plus favorable à l’Algérie, avec laquelle il s’est engagé à ouvrir une nouvelle page à partir du règlement du différend mémoriel.

Des concessions à l’extrême droite

Sans majorité avant et après les élections législatives de l’été dernier, Emmanuel Macron a dû multiplier les concessions à ce mouvement politique, sur la question de l’immigration, dans le choix du Premier ministre et de la composante du gouvernement, et sans doute aussi sur cette question de la politique maghrébine.

Il a notamment nommé Bruno Retailleau au poste de ministre de l’Intérieur, alors que ce ténor de droite est connu pour être favorable à l’abrogation de l’accord de 1968 (accord signé entre la France et l’Algérie le 27 décembre 1968 et qui réglemente la circulation, l’emploi et séjour des ressortissants algériens en France) et hostile au projet de Macron de concilier les mémoires de la colonisation française en Algérie. (En juillet 2020, l’historien Benjamin Stora, spécialiste de l’Algérie, a été chargé de rédiger un rapport sur les enjeux mémoriels liés à la colonisation et à la guerre d’Algérie. Le rapport, remis en janvier 2021, formule diverses recommandations, dont la création d’une commission réunissant diverses personnalités françaises et algériennes et présidé par Benjamin Stora).

Le député des Algériens de France (qui représente les citoyens algériens résidant en France) Abdelouahab Yagoubi a détecté un signal négatif vers Alger avec cette nomination, et prévoit même une réduction du nombre de visas pour les Algériens ainsi que la fin de l’accord bilatéral sur exemption de visa pour les titulaires de passeports diplomatiques.

L’Algérie doit s’attendre à un bras de fer avec Paris sur la question migratoire au moment où la polémique resurgit en France sur la question des migrants clandestins.

Reprendre pied en Afrique

Mais le rapprochement entre Paris et Rabat ne relève pas exclusivement de considérations de politique intérieure en France. Cela pourrait aussi être le résultat d’un calcul géopolitique très pragmatique de la part du président Macron, dont le pays perd du terrain au Maghreb, dans la région du Sahel et dans toute l’Afrique.

Pour Paris, les enjeux de la relation avec Rabat dépassent celui du Sahara occidental, tandis que pour Alger, il s’agit d’un point de rupture.

« La relation entre Paris et Rabat va au-delà du Sahara occidental. Il existe d’importants enjeux économiques entre les deux pays, avec derrière la contribution financière des Émirats arabes unis, autre allié clé du Maroc dans la région du Maghreb africain. explique un spécialiste des relations algéro-françaises.

Pour reprendre pied en Afrique, Emmanuel Macron semble miser davantage sur le Maroc que sur l’Algérie, tout en essayant de sauver ce qui peut l’être de la relation avec cette dernière.

Alors que les relations économiques se réduisent à des échanges commerciaux et que les relations politiques sont au plus bas, il ne reste au président français que le dossier mémoriel pour aplanir les angles avec Alger, comme le laisse entendre la rencontre qu’il a tenue jeudi 19 septembre avec le commission mixte d’historiens, au cours de laquelle il a réitéré sa détermination à poursuivre les travaux de « mémoire, vérité et réconciliation » sur le passé colonial de la France en Algérie.

Le moment choisi pour la réunion et la divulgation de son contenu par l’Agence France-Presse ne sont pas fortuits. Elle intervient au lendemain de la nomination d’un nouveau gouvernement avec comme ministre de l’Intérieur un homme à l’ADN politique résolument opposé à tout repentir ou concession à l’Algérie sur la question de la mémoire.

« Rien de bon pour la France ne sortira de l’obsession mémorielle qu’Emmanuel Macron nourrit sur la guerre d’Algérie », écrivait Bruno Retailleau au retour du président Macron de son voyage en Algérie, en août 2022.

Déclin politique et économique

En perte de vitesse et avec un tel entourage, il est illusoire de croire que le président français puisse faire plus de progrès qu’il ne l’a fait jusqu’à présent sur un sujet aussi sensible que celui de la mémoire, un dossier qui a la même importance que l’immigration pour l’actualité. dont dépend désormais l’équilibre politique précaire de la France.

Du côté d’Alger, les signaux négatifs perçus comme tels par Paris ne manquent pas non plus ces dernières années, avec une relation tourmentée par des polémiques et des crises incessantes. La lutte contre l’immigration clandestine et l’économie sont les deux enjeux majeurs qui cristallisent les critiques côté français.

Paris reproche à Alger de ne pas suffisamment coopérer pour rapatrier les clandestins algériens vers la France. Sur le plan économique, les litiges sont principalement liés au retour en Algérie des constructeurs automobiles français, notamment Renault, qui tarde à voir le jour, même si le groupe Stellantis, dont fait partie PSA, en est le plus grand bénéficiaire. de la réouverture du marché. Véhicules algériens après des années de fermeture.

La perte du marché céréalier algérien par les producteurs céréaliers français revient également souvent dans les critiques formulées par la partie française.

La situation actuelle donne à l’Algérie un avant-goût de ce que seront ses relations avec la France si l’extrême droite arrive au pouvoir en 2027. Dans cette perspective, l’Algérie est appelée à se préparer à une forte dégradation des relations. avec la France, et probablement à une rupture.

Celine

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