PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE – A deux mois de l’élection présidentielle américaine, le suspense reste total. Après le retrait de Joe Biden au milieu de l’été, l’actuelle vice-présidente démocrate Kamala Harris et le républicain Donald Trump sont désormais au coude à coude, selon les sondages publiés ce dimanche 8 septembre.
Le débat entre Kamala Harris et Donald Trump est aussi une guerre de micros
Alors que Joe Biden, 81 ans, est sur une pente descendante depuis son débat complètement raté fin juin, Kamala Harris a réussi à remobiliser son parti et à redonner espoir aux électeurs qui voyaient déjà le milliardaire entouré d’affaires judiciaires revenir à la Maison Blanche.
Mais le dernier sondage de l’ Le New York Times L’enquête menée entre le 3 et le 6 septembre dernier auprès du Siena College a porté un coup dur aux espoirs des démocrates. Elle révèle qu’à l’échelle nationale, Donald Trump devance désormais l’ancien procureur général de Californie d’un point de pourcentage (48 à 47 pour cent des voix).
Trop peu d’enquêtes pour tirer des conclusions
Un sondage Ipsos/Reuters de fin août lui donnait 45% des voix, contre 41% pour Donald Trump. L’agrégateur de sondages FiveThirtyEight, de son côté, plaçait toujours Kamala Harris en tête des sondages, avec 47,1% des voix contre 44,3% pour la républicaine. Mais le soufflé est-il déjà retombé ?
Le journaliste de la Le New York Times Nate Cohn tente d’expliquer pourquoi l’élan semble revenir en faveur de Donald Trump dans le sondage du Siena College. D’abord, explique-t-il, le vice-président a bénéficié d’un formidable coup de pouce lorsque Joe Biden a annoncé qu’il renonçait à la course. La lune de miel de Harris avec le peuple américain s’est poursuivie lors de la convention démocrate du 19 au 22 août, où elle a été élue par son parti, ce qui a fait grimper les chiffres.
Depuis la mi-août, souligne Nate Cohn, le nombre de sondages s’est tari, notamment à cause de la fête du Travail du 2 septembre, masquant le début du retour de Trump. La dernière explication, selon lui, est que les sondeurs attendent le débat du 10 septembre entre les deux candidats pour interroger les électeurs. Ce qui a conduit au manque de données.
Ce débat tant attendu pourra-t-il changer radicalement la donne ? Il s’agira de la première confrontation entre Harris et Trump. La première n’est pas apparue sur un plateau de télévision pour débattre depuis l’élection présidentielle de 2020, où elle avait affronté Mike Pence, alors vice-président des républicains. Le second n’est pas sorti affaibli du débat face à Biden en raison de la mauvaise prestation du président, malgré ses inaptitudes habituelles. Tout est donc possible lors de cette rencontre où les attitudes des deux candidats seront davantage jugées que leurs réponses sur le fond.
Les États clés plus scrutés que jamais
Cela dit, mieux vaut ne pas s’attarder trop longtemps sur les chiffres nationaux et se concentrer sur la poignée d’Etats swing qui décideront de l’élection. Pourtant, là aussi, le suspense est total selon Siena College : Kamala Harris devance de peu Donald Trump dans le Wisconsin (50 à 47%), le Michigan (49 à 47) et la Pennsylvanie (49 à 48). Les candidats sont à égalité (48) au Nevada, en Géorgie, en Caroline du Nord et en Arizona.
Une autre étude de CBS News/YouGov révèle que l’élection se joue à un cheveu dans le Michigan (50 à 49 pour Harris), le Wisconsin (51 à 49) et la Pennsylvanie (50 à 50). Même si le candidat à la vice-présidence semble conserver un léger avantage, ces résultats sont si serrés et inclus dans la marge d’erreur qu’il est impossible d’en tirer des conclusions à ce stade.
De son côté, l’analyste Nate Silver alerte sur son site sur la perte de vitesse de Kamala Harris dans les swing states : entre le 19 août (en pleine convention démocrate) et le 6 septembre, les démocrates sont certes restés en tête mais les républicains ont gagné du terrain, selon ses données. Autre leçon de Nate Cohn qui risque de donner des sueurs froides au parti de l’âne : si l’écart de voix entre Harris et Trump au niveau des Etats est faible mais en faveur des républicains, la vice-présidente pourrait remporter le vote populaire mais pas le collège électoral.
Le piège du vote populaire et du collège électoral
Pour comprendre cette incongruité, un détour par la Constitution s’impose. En effet, l’élection présidentielle américaine ne se déroule pas au suffrage direct mais au suffrage indirect. Les Américains votent pour des grands électeurs qui désigneront ensuite le vainqueur de l’élection. Subtilité : le candidat présidentiel qui obtient le plus de voix à l’échelle d’un État remporte tous les grands électeurs de cet État.
Un exemple concret pour clarifier les choses. Le Texas compte 40 grands électeurs. Si 49 % de la population vote démocrate et 51 % républicain, les 40 grands électeurs du Texas désigneront Trump comme vainqueur et tous les bulletins ayant choisi Harris n’auront plus leur mot à dire.
C’est ainsi qu’il est possible, comme en 2016 avec Hillary Clinton, qu’un candidat remporte plus de voix populaires mais moins d’électeurs, et perde l’élection. Pour y voir clair, Nate Silver prévient qu’en 2024, Kamala Harris devra remporter le vote populaire de 4 points pour être sûre de battre sa rivale. C’est (très) loin d’être gagné.
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